07-08-09 Juin 2017

INTRODUCTION
Lors de notre réunion de début d’année, le club des Randonneurs Autonomes Aquitains avait retenu le projet d’accompagner notre président Maurice dans la quête de son R100001 et plus précisément au départ de la Super Randonnée de Haute Provence. Dès cette date nous étions 6 membres des RAA à vouloir l’accompagner. Depuis le règlement des « Super Randonnées » a évolué avec l’uniformisation des délais à 60 heures pour l’ensemble des parcours, quelques soient les écarts de dénivelés.
Dans notre cas, cette récente modification n’a pas généré de nouvelles candidatures, mais devrait nous permettre d’améliorer le « confort » nocturne, donc de profiter plus largement des paysages remarquables et permettre une plus grande cohésion du groupe, sans esprit de compétition, juste le plaisir de partager une aventure entre amis et de rentrer dans les délais…

LA RANDONNÉE
Cette randonnée permanente au départ de Carcès, organisée par l’AUDAX CLUB PARISIEN, créée en 2008 par Sophie Matter peut se résumer simplement par quelques chiffres pour les non-initiés :

  • 612 km (à vélo)
  • 12800 mètre de dénivelé
  • 60 Heures (délai randonneur)
  • 15 points de contrôles à immortaliser par une photo
  • 16 cols ou sommets répertoriés sur la feuille de route
  • 4 départements : Var, Alpes de Haute Provence, Drome et Vaucluse
  • Avec en prime un tour complet des gorges du Verdon et le Mont Ventoux !
  • Et tout cela en totale autonomie (les véhicules d’assistance sont interdits)
    Le choix de la date et de l’heure de départ est libre mais doit être communiqué lors de l’inscription.
    Afin de profiter de la fraicheur matinale, Alain, Bernard D., Bernard S, Maurice et moi-même avons opté pour un départ à 5H00 ainsi que la réservation d’une chambre d’hôtel à Saint Etienne les Orgues pour clore une première étape de 269km. Pour la suite nous improviserions individuellement …
    Dominique et Jean-Marie qui ont reconduit leur duo de « cinglés du Ventoux»2, ont choisi, compte-tenu de l’allongement des délais, un départ à 7H00. Adeptes de l’improvisation totale, c’est à la belle étoile qu’ils prévoient leurs pauses nocturnes.

LA CARTE :

PROFIL DE LA RANDONNÉE :

LES PREPARATIFS
J’avais débuté cette nouvelle année par une coupure complète durant les mois de janvier et février. La reprise de la saison des BRM a pour ma part été un peu poussive par le manque d’entrainement. Grâce à l’enchainement des BRM successifs de 200, 300 et 400 dans des conditions climatiques parfois éprouvantes (ce n’est pas Jean-Claude « Imvv » qui me contredira ! ), un Bordeaux-Sète au parcours exigeant, et c’est avec 3000 Km au compteur que je pars confiant pour ce défi.
Côté organisation, c’est au camping de Carcès que nous nous sommes donné rendez-vous la veille du départ. Nous y avons réservé un mobil-home pour quatre et un emplacement pour les adeptes de la toile de tente, Maurice nous y devancera en camping-car.
Nos montures préparées, nous nous attablons autour d’une copieuse assiette de pâtes à la table d’une pizzeria comme pour fédérer nos énergies. La météo annoncée semble clémente.
23H00, extinction des feux, j’ai du mal à trouver le sommeil malgré 700 km et 7H00 de route, je révise mes
gammes pour ne rien oublier …

LE RÉCIT
Mercredi 7 juin 2017 – 4H00, cela bouge dans le mobil-home.
C’est le jour « J », je ne mets pas trente secondes pour me lever, je profite de la salle de bain encore libre avant d’enfiler ma tenue bien rangée en attente
Un rapide coup d’œil dehors ; la température est clémente mais le vent s’est levé … peu importe …
Je me mets en charge du petit déjeuner pour mes compagnons de nuitée. Chacun se prépare sans bavardages inutiles, concentrés pour leur première SR…
4H50, Maurice nous a rejoint, nous quittons en silence le camping, traversons le village endormi pour prendre la direction du point de départ situé au panneau sur la route de Cotignac.
Afin d’optimiser nos temps d’arrêt aux points de contrôle, je propose de centraliser la prise des clichés, inconsciemment, une raison de plus pour rester groupés…
5:10, nous nous éloignons du panneau « CARCES », je ferme la marche.
Les premières lueurs de l’aube sont déjà visibles, la température est agréable et le vent semble vouloir nous accompagner…
Concentré, tous mes sens sont en éveil. Nous sommes bien dans le « Sud » le parfum des fleurs semble démultiplié. Les oiseaux nous encouragent au passage, au loin même un coucou se fait déjà entendre.
La route s’élève gentiment, nous progressons à un rythme commun qui semble convenir à chacun.
Dès que la pente augmente, Bernard S. s’éloigne dans son style singulier sur la « grosse plaque».
A col de Bigue, le ton est donné ; tout le monde s’attend …

Le lac de Sainte Croix en vue, nous sommes dans le parc naturel régional du Verdon

Nous entrons dans les gorges du Verdon, la route devient plus fréquentée, partagée avec les touristes étrangers dont de nombreux motards à sacoches.
Passé le col d’Illoire nous enchaînons avec le col de Vaumale, le second point de contrôle est situé dans la montée en amont du col. Je devance mes coéquipiers, il est 8H15 lorsque je pose mon vélo au pied du panneau indiquant la source de Vaumale. Il n’y a pas plus de 5mn d’écart entre nous, juste le temps de poser successivement pour la photo. Les temps de passage, avec l’aide du vent sont conformes à ma feuille de route.

Une dernière photo avant d’en finir avec la montée…

Nous restons prudents dans la descente, le regard attiré par le paysage grandiose qui s’offre à nous.
Un arrêt BPF3 à la falaise des Cavaliers et nous nous retrouvons sur le pont d’Artuby, haut lieu des adeptes du saut à l’élastique.
Je suis tenté de m’arrêter pour prendre davantage de photos et d’immortaliser les couleurs du club avec en fond quelques passages mythiques, mais la route reste
exigeante, étroite et de plus en plus fréquentée.
Les virages s’enchaînent, les montées succèdent aux descentes, je suis un peu désorienté …
C’est là que Bernard D. m’indique : « Tu vois la route en face (sur l’autre rive des gorges), c’est là qu’on doit passer … » Waouh !


La température commence à monter également, les crèmes solaires sont de sortie…
Le passage du Var aux Alpes de Haute Provence, marque un changement d’orientation de notre itinéraire.
Nous roulons vers l’ouest et le vent bien que « modéré » est à présent défavorable.
Bientôt 100 km de parcourus et nous voici devant le panneau indiquant la direction de la route des crêtes.

Nous attendent plus de 7 km de montée, avec peu d’ombre, une pente entre 8 et 12%, des paysages à couper le souffle (si cela ne suffisait pas !).
Pour ma part j’avais déjà reconnu cette route lors d’un stage du Soleil à Gréoux les Bains, et devant la cohorte de touristes présents à chaque belvédère, je reste concentré sur mon effort, le petit plateau est de mise, je tourne les jambes, mes bidons se vident.
Il est 11H45, 1 km avant le sommet, comme indiqué par la feuille de route j’aperçois le panneau au « long texte » de la route des crêtes point de contrôle N°3. J’ai à peine le temps de photographier mon vélo, que mes compagnons arrivent.

Nous remontons rapidement sur nos montures pour en terminer avec cette montée aux pentes maintenant adoucies. Récompense pour certains, suivent 14 km de descente aux abîmes vertigineux.

La feuille de route de Sophie invite à la prudence, effectivement de nombreux débris de roches jonchent les bords de la chaussée, de plus, des travaux d’enfouissement de câbles ou autres fibres sont en cours et laissent une belle balafre sur le bitume.
Nous faisons la descente « dans les voitures » ou plutôt les camping-cars …
Dans cet exercice, Alain est certainement le plus à l’aise d’entre nous, mais nous nous suivrons à distance jusqu’à La Pallud-sur-Verdon.
L’heure du repas a sonné et c’est sans hésitation que nous prenons place à la table d’une terrasse ombragée pour partager des boissons en quantité et un repas bienvenu. Le moral des troupes est bon.

Après près d’une heure de pause réparatrice, nous reprenons la route en direction le col d’Ayen, 3Km de montée pour se remettre en jambe, le soleil est au zénith, mais le vent défavorable a au moins le mérite de nous rafraîchir.
Nous avons laissé partir devant notre diagonaliste Bernard D. en quête du BPF de Moustier Saint Marie.
Dans notre lancée, nous dépassons le point de rendez-vous prévu.
Après quelques longues minutes d’attente (c’est toujours comme cela : dans ces cas le téléphone ne marche pas !), je suis quitte à remonter la côte pour le rejoindre …

14H20, nous reprenons notre progression, personne ne fait de remarque, la cohésion du groupe est intacte…
Nous traversons à présent des champs de lavandes bordés de truffières, avant d’entamer une montée progressive vers le point de contrôle suivant.

Il est 16H25 et nous posons à tour de rôle devant le panneau du col d’Espinousse.

Le vent défavorable commence à nous marquer, nous avons accumulé un retard de plus d’une heure sur notre tableau de marche, sans tarder nous entamons la descente vers la vallée. Nous longeons et traversons la Bléone et son lit de galets pour déboucher sur la RN85 : la route Napoléon. Nous nous y engageons sans difficulté mais la file indienne est de rigueur tant la circulation est dense en provenance de
Digne à l’heure de la débauche…
Fort heureusement, le tronçon emprunté ne dépasse pas 1,5km. A Mallemoisson, la chaussée est en travaux et à la faveur de l’arrêt, surprise improbable, j’y croise un maillot du 1000 du Sud au visage familier, un jeune Allemand avec qui j’avais partagé l’aventure en septembre dernier. Nous échangeons quelques mots avant que je rejoigne mes coéquipiers installés à la terrasse d’un bar bienvenu.

17H30 nous reprenons la route les bidons pleins.

D’entrée le léger faux plat montant semble avoir pris de la pente supplémentaire avec l’aide du vent…
Puis arrive la montée plus pentue vers le col d’Hysope. Une vallée cultivée laisse place progressivement à des pâturages puis, à des végétations plus arides et un paysage minéral avant de retrouver un massif forestier verdoyant au Col de Fontbelle, cinquième point de contrôle. Il est 19H45

Sans tarder, nous plongeons pour 25 km de descente sur une route étroite mais peu fréquentée.
Lorsque nous nous regroupons au pied de la citadelle de Sisteron, il est déjà 21H00, les premiers pans de montagne baignent dans l’ombre, il nous reste plus de 30km à couvrir avant d’atteindre Saint Etienne les Orgues…
Nous avons conscience qu’un arrêt au restaurant ne sera pas possible. Comme convenu nous informons l’hôtelier de notre horaire d’arrivée, celui-ci accepte de nous confectionner des sandwichs en guise de repas.

A cette heure tardive, nous traversons la ville sans encombre malgré quelques nouvelles zones de travaux.
Avant de quitter cette dernière agglomération, nous effectuerons une dernière halte pour enfiler nos tenues de visibilité nocturne et refaire un dernier plein de bidon à une fontaine coulant en goutte à goutte (normal elle est située devant l’hôpital !)
J’ai hâte de rejoindre le lit promis, chaque minute perdue sera une minute de sommeil en moins.

Cette perspective me donne des ailes, je passe devant et imprime un rythme régulier, ni le vent, ni les faux plats, ni la nuit tombante ne me font effet. Il sera tout de même 22H30 passé lorsque nous arriverons à Saint Etienne.
Par manque de signalisation, un moment de flottement nous retardera pour rejoindre l’hôtel situé à l’écart du centre-ville. Pendant qu’avec Alain, nous empruntions la route du bas, nos compagnons croisaient la route d’un imposant sanglier par la route du haut…
Vélos mis au garage, sandwich rapidement avalé, une douche bienfaitrice, 23H00, je dors.

Jeudi 7 juin 2017 – 5H00, mes compagnons semblent être déjà réveillés dans les chambres voisines. Une toilette de chat suffira, le petit déjeuner reste la priorité de nos estomacs vides. Décidément, une nouvelle fois l’hôtelier n’a pas pris en compte notre besoin formulé par le mot « copieux »… Nous ferons razzia sur la table « sucrée » …
Nous ne tardons pas à nous mettre en selle, la température fraîche est vivifiante. Nous redescendons puis traversons le village, rien ne bouge mais une bonne odeur de pain prouve que cela ne va pas tarder …
La route en pente légère nous assure un échauffement progressif jusqu’au panneau de sortie de ville un peu égaré dans la nature…

5h40, le jour se lève, les photos sont prises, Lorsque Bernard D. nous fait une petite frayeur à la mesure de son rythme cardiaque. Plus de peur que de mal, quelques minutes plus tard, nous partons à l’assaut de la Montagne de Lure, 18 km de montée à peine tirés du lit …
Comme d’habitude en début de randonnée je laisse partir tout le monde et prends un petit braquet…
Nous traversons un massif forestier où les sapins se mêlent aux chênes, suivis de frênes.
La route est déserte, la verdure est reposante,…
Alors que je suis tenté d’augmenter la cadence pour rejoindre les échappés, au détour d’un virage j’aperçois au loin la silhouette du Ventoux,… je me ravise, cette image va me dicter retenue pour la matinée.

Après avoir traversé la forêt, les lacets nous mènent à une station de ski sans vie. La pente donne un peu de répit, et la forêt tamise les rayons du soleil levant avant que nous ne débouchions sur des terrains arides annonçant l’approche du sommet.
7H50, mes coéquipiers sont bien là à apprécier la vue imprenable…

Bernard S. arrivé en tête, s’offre un bain de soleil matinal …

Je ne m’attarde pas, je pars en éclaireur vers le point de contrôle situé 3 km plus bas dans la descente.

8H00, je pose mon vélo en équilibre près de panneau indiquant « le Pas de la Graille »,
Le vent soutenu finit par le faire chuter…Le temps de le relever, mes collègues sont là…
Le manège est bien rôdé, chacun pose pour le contrôle…
La descente nous tend ses lacets :

Quelques beaux virages en épingle précèdent des courbes moins piégeuses dans la forêt. A ce jeu, c’est encore Alain qui ouvrira la route. La traversée du village de Valbelle marque le retour à la civilisation, mais pas un commerce en vue…
Au bout de la route nous marquons l’arrêt, Bernard S. manque à l’appel… de longues minutes plus tard, à son arrivée, il nous avouera avoir eu très froid dans la descente.
Une pancarte indique une boulangerie à 3 km, cela tombe bien, c’est dans la bonne direction !
9H30 : nous prenons un vrai déjeuner à Noyer-sur-Jabron : viennoiseries, pizzas, café, boissons…
Le commerçant ira jusqu’à installer sa table de jardin sur le trottoir :

Après ce moment de plaisir partagé, nous reprenons notre progression en remontant le cours de la rivière Jadron. La pente est douce, dès le départ je suis repris par un cycliste local, le temps de retrouver mes jambes, celui-ci finira par prendre ma roue.
Au col de Pigière nous basculons dans le département de la Drôme.
Au carrefour suivant, je pose pied à terre afin de m’assurer que personne ne soit pas tenté de poursuivre la descente au lieu de prendre la direction du col suivant.
Nous croisons à présent de plus en plus de cyclistes avec à noter une majorité de jeunes femmes.
La route étroite, et peu fréquentée, sillonne dans une vallée peu encaissée à la végétation rase.
11H45 : nous atteignons le col de Macuègne, point de contrôle N°8, pour la première fois je cède l’appareil photo :

Suivent 10 km de descente tranquille sur une large route au bon revêtement jusqu’à Montbrun les Bains.
A l’entrée du village, le premier restaurant sera le bon, le menu du jour affiche des pâtes, quoi de mieux ?
Nous sommes confortablement installés en terrasse, le service est rapide, mais la température commence à monter, nous abusons d’eau avant de repartir.
Bernard D. est parti en éclaireur pour pointer le BPF du village de Brantes, nous nous retrouverons après le col des aires au col de Fontaube pour le point de contrôle N°9.

Il est 13H50, en face de nous se dresse le mont Ventoux, nous ne sommes pas pressés d’en découdre car la chaleur devient de plus en plus marquée. Alain, Maurice et moi-même décidons de nous accorder une petite sieste à l’ombre. Nous laissons les deux Bernard prendre de l’avance.
A peine le temps de fermer les yeux, des éclats de voix aux accents familiers résonnent dans cette campagne désertique… Je relève la tête et aperçois deux maillots RAA s’affairant devant le panneau de col : nous sommes rejoints par Dominique et Jean-Marie !
Sur ce, nous repartons ensemble en direction de Malaucène. En route, nous reprenons nos deux cyclistes partis en éclaireurs.
Il sera 15H25 lorsque nous nous acquitterons de la formalité photographique.

La ville est envahie de cyclistes et ce ne sont pas les terrasses de bars qui manquent.
Nous nous attablons pour une dernière prise de boisson avant l’ascension du point culminant de la randonnée.
16H00, pendant que Dominique et Jean-Marie vaquent encore à leurs préparatifs nous démêlons nos vélos avec quelques machines allemandes et prenons la direction du Ventoux.

Pour ma part c’est une première, un sentiment mélangé d’excitation et d’appréhension m’envahit,…
Quelle idée de se présenter au pied du mont chauve avec 400km dans les jambes !
Dès la première rampe, Bernard S. nous fait une frayeur, dans son style habituel (tout en force), au changement de plateau, un saut de chaine met notre grimpeur à terre au beau milieu de la chaussée !
Il nous faudra tout de même descendre de vélo pour le tirer de ce mauvais pas et lui donner une impulsion pour lui permettre de repartir avec plus de peur que de mal…
Depuis le départ de Carcès nous avons roulé de concert sans aucune défaillance, confiant, chacun montera le Ventoux à son rythme, le rendez-vous est pris au sommet.
Je mets petit, me cale sur 75 tours/mn de pédalage et c’est parti pour plus de 20km…
Je me concentre sur la ligne pointillée matérialisant la bande cyclable (une pensée pour Bernard, qui a du mal à tenir sa ligne …)
Je remonte progressivement mes coéquipiers au milieu d’un trafic où se mélangent, cyclistes, motos et autres véhicules à moteur plus ou moins rapides et pressés …
Je m’attendais à plus d’arbres sur le début de la montée, les pins verticaux sont finalement moins généreux en ombre que des feuillus. Il fait chaud, je tente (lorsque la pente le permet) de boire régulièrement par petites gorgées. Le vent ? A ce stade de l’ascension, je n’en ai pas souvenir…
Je finis par rattraper Alain qui raisonnable, monte au cardio, puis Maurice qui tente de contenir la surchauffe.
Je scrute les bornes indiquant la distance restante et la pente moyenne à venir,… Km après km, ou plutôt mètre après mètre nous progressons, cela parait long, pas de silhouette du sommet en vue et cela monte toujours, sous les encouragements continus des cyclistes s’acquittant de la descente.
A mi-chemin, un rondin de bois posé contre un arbre m’invite à faire une pause ombragée. Je m’y installe, j’ai besoin de manger, mes deux compagnons ne tardent pas à me rejoindre.
Je ne tarde pas à repartir en compagnie de Maurice afin de ne pas perdre le rythme.
Nous entrons dans les passages les plus pentus, comme dirait un ami : « mouline, mouline ! ».
Je sue à grosse goutte, mon bandana dégorge d’eau saumâtre, mes yeux me brûlent, je n’avance plus, je
suis contraint de m’arrêter. Je change le tissu et comme par magie je repars de plus belle.
Au loin se dessine enfin le profil dégarni du sommet, mais qu’il est encore loin !
Un court moment de répit au chalet Liotard me permet d’apprécier la vue sur la vallée et la montée
reprend déjà. La route est encore bordée par la forêt, les mouches ont fait leur apparition…

J’ai l’impression de n’avoir pédalé que d’une main tant elles m’ont occupé l’autre à les chasser.
L’équation fut simple : plus d’arbres – plus de mouches, le sommet se dévoile au-dessus de moi.
J’ai pensé prendre une photo, mais l’envie d’en découdre avec le paysage lunaire était plus forte.
Poussé par l’adrénaline, j’enchaine les virages. J’aperçois seulement Maurice en contrebas, encore un effort, la dernière rampe et je pose mon vélo au pied du panneau mythique. Il est 19H15.

Le ciel est dégagé, la vue imprenable.
Je ne tarde pas à me couvrir car le vent même modéré me transperce.
Maurice me rejoindra rapidement suivi d’Alain.
Nous sommes surpris de voir arriver Bernard notre diagonaliste avant le grimpeur de Floirac !!??
L’explication arrivera par un SMS :
Bernard monte à pied, victime probablement d’une fringale.
Dominique et Jean-Marie, bons samaritains, l’accompagnent.
C’est finalement après plus d’une longue heure d’attente que nous retrouverons son sourire.
Compte-tenu de l’état de troupes, durant ce temps Maurice tentera de trouver un hébergement pour la nuit à venir.

Après quelques minutes de récupération, Bernard semble être en mesure d’entamer la descente en direction de Bédoin, vers des températures plus clémentes.
La route est dégagée, nous lâchons les freins.
Une pensée pour nos amis cyclistes disparus au passage de la stèle en l’hommage de Tom Simpson, le chalet renard est en vue. Nous retrouvons progressivement la végétation. Les virages s’enchainent, un lièvre déboule, restons prudents !
A l’approche de Sainte Colombe, nous avons perdu près de 1400 mètres de dénivelé en moins de 17km et la température est à nouveau estivale. Il est près de 21H00, nos bidons sont vides, nous n’avons qu’une envie : passer à table !
Sans hésitation, d’un élan commun nous posons nos machines devant le premier établissement rencontré.
Bernard aura la sympathie du public, à peine descendu du vélo, des touristes allemands lui tendent un verre d’eau suivi d’un reste de plat de frites en guise d’apéritif …
Dominique et Jean-Marie se joindrons à notre table pour un convivial repas bienfaiteur.
L’hôtel affiche complet, nous commençons à envisager une nuit à la belle étoile,…
Les clients intrigués viennent à nous, les questions sont nombreuses…
A la réponse de « où allez-vous dormir ? », un client nous propose de passer la nuit dans sa maison en cours de rénovation située à deux pas de l’hôtel, nous nous empressons d’accepter…
Il est presque 23H00 lorsque notre hôte nous accueille dans une grande maison au bord de notre route.
Deux pièces inoccupées au rez de chaussées nous sont mises à disposition équipées d’un confort inespéré :
un grand lit que nous réservons à nos deux ainés, des tapis au sol, quelques oreillers, couvertures et même des bouteilles d’eau. Nous ne tarderons pas à éteindre les lumières.
Si le concert de ronflement atteste du sommeil réparateur de certains, pour ma part je suis sous l’effet du double expresso et des colas de Malaucène…je ne fermerai pas un œil. Je vais tourner, virer…

Vendredi 9 juin 2017 – 2H30 une envie devient pressente, je ne tiens plus, dehors la lune brille de tout son plein et la température est d’une douceur remarquable. A mon retour, sans hésitation je rallume les lumières, dans un silence total chacun se lève sans broncher. 3H00, nous avons repris la route.
Après quelques kilomètres d’échauffement, nous traversons Flassan. Dès la sortie du village, la pente s’élève vers le dernier col de notre périple. Sous la lumière de nos phares, la route étroite au bitume granuleux paraît interminable avec ses 10 km de
montée vers ce douzième point de contrôle.
Au débouché sur un axe routier plus large, Maurice victime d’un saut de chaîne …se déchaine, pendant que mon GPS me plante. (Je finirai sans, à la feuille de
route, pas de panique : le site Sorcière Monique me dépannera en moins de deux)
4H40, le flash crépite au pied du panneau indiquant le col de Notre Dame des Abeilles. Nous sommes arrivés groupés et rassurés, Bernard semble avoir bien récupéré.
La fraîcheur nous gagne, sans tarder, profitant de la puissance de mon éclairage, j’ouvre la route comme en plein jour. C’est une belle descente sur un enrobé de qualité.

Dans l’un des rares virages serrés un chevreuil immobile nous incitera tout de même à la prudence…
Passé le village de Sault, aux premières lueurs du jour, la température se rafraîchit encore.
Les effets de ma nuit blanche commencent à se faire sentir, je lutte contre le sommeil.
L’itinéraire emprunte à présent de longs faux plats montants, je mouline une fois de plus pour tenter de d’éliminer la Mélatonine (hormone du sommeil). Je m’accroche aux roues tant bien que mal…
Arrivés au village de Revest-du-Billon, seule la boulangerie est ouverte, pendant que mes coéquipiers dévalisent le rayon viennoiserie, je m’assoupis sur une table de bar sur le trottoir d’en face.
10 minutes me suffiront. Entretemps, un bar a ouvert ses portes, nous allons faire tourner la machine à café à plein régime. Le petit déjeuner y est pris en compagnie de Dominique et Jean-Marie dans une bonne humeur collective. Il nous reste environ 130km dans un délai de 10 heures.
Bénéficiant d’une pente descendante, 7H30, nous sommes à Banon, nouveau point de contrôle.

Les effets diurétiques du café se font également sentir.
Après être passés au pied du village perché, nous retrouvons des paysages de culture de lavande alternant avec des truffières. Les premiers rayons de soleil exultent le parfum des genêts toujours aussi généreux.

A 9H00 : nous sommes à Forcalquier, les commerces sont ouverts, nous faisons halte au supermarché pour un copieux et ultime ravitaillement. Nos deux « cinglés » nous y
précédent. C’est avec les sacoches débordantes que nous reprenons la route.

A l’approche de la plaine de la Durance, la circulation se fait plus dense, nous restons groupés en file indienne. Après avoir traversés d’Oraison, nous empruntons à nouveau des routes plus calmes, mais les collines se dessinent à l’horizon. La montée vers le plateau de Valensole se fera sur une chaussée marquée de rustine de goudron, nouveau prétexte de Bernard S. pour rouler à gauche !
Le ciel changeant du lever du jour se dégage peu à peu, une chaude après-midi se profile…

A Valensole, le ventre tiraillé par les bonnes odeurs de cuisine, nous nous contenterons de boissons fraîches à la terrasse ombragée d’un bar.
Les bidons pleins nous plongeons vers Allemagne-en-Provence. Ayant repéré précisément la position du panneau masqué par une haie je prends les devants. Accueillis par un chenil malodorant, nous ne nous éternisons pas pour les photos …

Nous traversons à nouveau des champs fleuris cultivés, des friches envahies de coquelicots, ainsi que des zones boisées offrant un peu de fraîcheur.
L’atmosphère est détendue…

Après une belle descente vers Quinson nous traversons le Verdon. Je ne peux résister à la photo tant la vue m’inspire … (pensée pour celle qui m’envie pour tous ces paysages traversés)

Encore un peu de patience et nous retrouvons la route empruntée deux jours plus tôt.
A Cotignac, nous avons la sensation de descendre dans une étuve.
La chaleur est soudainement suffocante.
Nous y sommes presque, un sentiment de joie m’emplit, nous sommes à peine pressés d’en finir…

15H10, le panneau de Carcès est atteint. Nous déposons nos vélos pour mieux nous congratuler, l’émotion est palpable.
Dernier rituel photographique, clôturé par un déclenchement automatique pour la photo de groupe.

Une pensée pour Dominique et Jean-Marie qui bien que partis deux heures après nous, nous ont devancés de plus d’une heure !
Avant la phase de relâchement, nous prenons rapidement la direction du camping, la douche d’abord, suivie d’une sieste certaine pour ma part…
Comme pour faire durer le plaisir, nous terminons cette journée par un repas commun dans un restaurant du village. Nous avons encore tant de souvenirs à relater et d’émotions à partager avant de reprendre la route le lendemain matin pour rejoindre nos familles…

CONCLUSION
Si l’allongement récent des délais doit permettre l’ouverture de cette randonnée à davantage de candidats, elle nous a permis de vivre et de partager une aventure comparable à celle d’une flèche Vélocio.
Sans la pression des délais, nous avons su niveler nos niveaux et maintenir la cohésion du groupe.
Nous sommes conscients d’avoir bénéficié de conditions climatiques convenables (Bien que nous ayons fixé la date de départ dès le mois de janvier dans notre agenda de club).

REMERCIEMENTS

  • A mes proches pour leur soutien et leur patience.
  • A Sophie Matter pour ce beau parcours exigeant et pour son implication.
  • A notre hébergeur pour cette salvatrice nuit improvisée à Brun
  • A l’ensemble de mes coéquipiers pour la bonne humeur générale et les plaisirs partagés

LEXIQUE
1 – R10000 : Randonneur 10000
« Le randonneur 5000 et 10000 est l’aboutissement de longues randonnées effectuées grâce aux organisations de l’AUDAX CLUB PARISIEN. »
Renseignements : http://www.audax-club-parisien.com/
2 – Cinglés du Ventoux
Epreuve consistant à gravir le mont Ventoux (en vélo) par les 3 routes principales dans un délai de 24heures
Renseignements : https://ffct.org/ff-cyclotourisme/nos-partenaires/confreries/les-cingles-du-mont-ventoux/
3 – BPF : Brevet des Provinces Françaises
Renseignements : https://ffct.org/randonner-a-velo/ou-quand-pratiquer/les-plus-beaux-sites-de-france-bcn-bpf/

ANNEXE

Simon LOHUES
Randonneur Autonomes Aquitains http://raacyclo.blogspot.fr/

Organisée par T.P.G et A.C. P

Le 15/04/2017

225Km – T° 10° à 20° – Moyenne 21,00Km/h – Durée de la randonnée 13h50

Durée de pédalage 11h48 – Arrêt 2h02-Dénivelée 2273m – Pente max 19%

Point au plus haut 574m.

Hôtel de 18h43à 7h30.

240km et 2373m de dénivelée à Vénéjan.

Le 16/04/17

222Km – T° 12° à 26° – Moyenne 24,60Km/h – Durée de la randonnée 10h35

Durée de pédalage 9h – Arrêt 1h35 – Dénivelée 1885m – Point au plus haut 500m.

Pente max 13%.

Total: 462km – 4258m de dénivelée.

Nous continuons la tradition de Pâques en Provence qui se déroule cette année à Vénéjan(30). C’est la22ième trace.A l’écart des grands axes routiers actuels, Vénéjan est de type « Village perché », avec son château et sa chapelle romane, dominant la plaine, situé sur l’ancien chemin reliant Saint Saturnin du Port (Pont Saint Esprit) à Bagnols sur Cèze. Mais ce n’est qu’après la deuxième guerre mondiale que Vénéjan connaîtra une rapide expansion avec les grands travaux sur le Rhône, et en 1952 la création du Centre Atomique de Marcoule. Nous sommes cinq au départ, nous pouvons partir. La météo est très bonne. A Solliès, Marc se joint à nous, nous sommes au complet.A St Maximin, le ravitaillement et le pointage se font à la boulangerie habituelle. Quelques minutes plus tard, nous reprenons la route et passons sous l’aqueduc de St Bacchi (canal de Provence) et arrivons à Jouques, ancienne résidence des archevêques d’Aix. Un petit arrêt s’impose à la fontaine.Le ciel est bleu, mais un petit vent défavorable est présent. Nous l’aurons tout au long de la journée avec des moments plus ou moins fort.Nous longeons le canal EDF en nous dirigeant vers Cadenet. Nous franchissons le pont sur la Durance et posons nos vélosà la terrasse d’un bistrot déjà visité par le passé. Nos gamelles sont vidées,le dessert englouti et nous terminons par un café. Et Antoine sort sa clope…extraordinaire non ! C’est reparti, nous remontons la combe de Lourmarin et nous nous retrouvons à Bonnieux. Superbe vue sur la lavande et le Mont Ventoux. Belle descente sur la D900 et nous traversons l’axe reliant Apt à Avignon. A la sortie de Goult, nous faisons une erreur de parcours qui nous coûtera cinq km. Nous atteignons Gordes par une minuscule route goudronnée avec un fort pourcentage. Au centre ville, Antoine et Charly mettent à jour leurs cartons BPF. Et c’est reparti vers l’Abbaye de Sénanque et le col des Trois Termes (574 m). Nous passons au bas de Vénasque, puis St Didier pour atteindre Pernes les Fontaines. Les pointages de la trace et du BPF sont faits. Remplissage des bidons à la fontaine et nouveau départ.Quelques problèmes pour trouver Monteux…. On se fie à notre instinct en traversant de multiples chemins dans la campagne profonde. A Althen des Paluds, nous sommes sur la bonne route. Nous traversons Bédarrides et les crus des côtes du Rhône à Chateauneuf du Pape. Après Caderousse, nous traversons le Rhône et passons l’usine située sur l’île de la Piboulette. Encore un petit effort dans le vent, le long du Rhône, pour nous retrouver devant le site EDF de Marcoule.

Nous sommes à Chusclan. Nous repérons notre restaurateur et arrivons à l’hôtel avec une dernière petite rampe à 22% sur une cinquantaine de mètres.Nous prenons possession des lieux. Nous sommes les seuls pour la soirée. C’est un endroit très calme dans la colline au dessus du village. Nous y étions déjà allés en 2011. Propres et prêtsà savourer notre dîner, nous filons chez le restaurateur Mr Charlot…Un homme fort sympathique et haut en couleur. Antoine et Laurent choisissent de s’y rendre à pied, nous quatre à vélo…A 19h45, nous sommes à table. Nous quittons ce lieu vers 22h15. La soirée se passe bien, le diner est très apprécié. Après une bonne nuit, nous quittons l’hôtel vers 7h30 après avoir essayé de régler le serrage du contact pédale/cales. En vain, il faudra que je fasse attention pour décrocher…. Nous empruntons des chemins champêtres pour arriver à Vénéjan. Nous prenons la photo à la pancarte du village. Nous continuons, pas d’indication,pas de flèches!!! Après une sortie de village nous revenons et un groupe nous indique le chemin très étroit qui traverse le vieux village pour grimper fortement vers le lieu de concentration pascal. 8h37, nous y sommes. Le site est superbe. Nous entrons dans la tente d’accueil. Yvette et sa remplaçante sont là, toujours fidèles à la tradition pour le bonheur de tous. Mais cette année c’est sa dernière prestation, une bonne vingtaine d’années de bénévolat…. Merci encore à toi pour toutes les traces que tu as assumées de main de maitre. Dehors, le mistral souffle et fait tomber les vélos. Nous saluons nos amis Hèyrois (Eric et Philippe et …) et Denis Boissez de Gémenos. Café et casse-croute sont pris, l’heure du retour vers La Garde a sonné. Il est 9h. Le soleil brille et le vent nous pousse à souhait. Nous traversons de nouveau le Rhône à Avignon, juste en face la cité des Papes. Mais la traversée de la ville est assez compliquée pour les vélos. Le long des remparts, un homme est à terre, en train d’être secouru ou mort! Nous arrivons à passer la Durance et prendre la bonne direction vers St Rémy de Provence. Nous faisons le ravitaillement, la pause café et nous enchainons sur la chaîne des Alpilles. Passage par Eyguières et Salon de Provence. Plusieurs tentatives sont faites pour avoir le tampon BPF pour Antoine. A Eguilles, nous faisons le plein des bidons. Descente sur Aix et direction St Maximin. Encore une petite halte et nous attaquons le final par Mazaugues et la vallée du Gapeau. A 19h35, nous sommes à la Garde…

L’année prochaine à ??

Claudy GAUTHIER, Triple Plateau Gardéen

                                                            (26-28 juillet 2016)

            Je vais narrer une incomparable et inoubliable randonnée, en faisant ressortir mes erreurs, ou au contraire de « bonnes pratiques », ou encore en mettant en exergue quelques dangers, dans le but d’édifier, sur quelques points, plus ou moins importants, les éventuels candidats.

            Il faut d’abord souligner que le SRHP est une authentique galère ! Pourtant, sa conceptrice, Sophie MATTER, présentait son œuvre de façon plus alléchante, en 2009. Elle écrivait : « l’organisatrice, qui a refait l’épreuve cette année (après une première expérience en 2008), peut vous le confirmer : une super randonnée est une merveilleuse ballade touristique, mais c’est aussi une authentique aventure ». Première homologuée en mai 2009, Sophie avait couvert les 611,5 km et les 10800 m de D+ en… 37H34 ! Le 4ᵉ homologué, le célèbre cyclo grenoblois Jean-Philippe BATTU, grand organisateur de BRM montagnard pour le compte de l’Amicale des Diagonalistes de France (dont il tient le site internet), avait réalisé 49H48 début septembre 2009. Le délai était alors de 50H, contre 51H aujourd’hui, en formule « randonneur » ( la formule « touristique » n’impose qu’un minimum de 80 km par jour).

            Début juillet 2012, avec Pierre, on s’était lancé sur cette SRHP, en démarrant à 18H (Jean-Claude CHABIRAND était parti six heures après nous-cf. Son récit sur le site ACP- organisations-Super-randonnées). 24H plus tard, on était à Malaucène au km 400, après avoir franchi les deux crêtes du Verdon, deux cols des préalpes de Digne, la Montagne de Lure et trois autres cols. On avait dîné, puis dormi à l’hôtel, avant de repartir à 3H du matin, après 9H d’arrêt, de gravir le Ventoux, puis le col des Abeilles, puis une vingtaine de bosses avant de retrouver le point de départ, le village de Carcès, dans le centre-Var, le tout en 46H45.

            Nous avions pu ainsi faire partie des douze cyclos de la première promotion des « randonneurs 10000 », nouvellement créés par l’ACP ; pour cela, il fallait compléter le cursus du « randonneur 5000 » (une flèche Vélocio, au moins un BRM de chaque catégorie : 200, 300, 400, 600, et 1000, un PBP et le « complément kilométrique », en BRM ou « flèches » catégorie argent ou or) par une seconde série de 200, 300, 400, 600 et 1000, d’une part, par un 1200 autre que PBP et le « complément kilométrique » d’autre part, ainsi que par une « super randonnée » version « randonneur ».  Comme l’a souligné Jean-Gualbert FABUREL lors de la traditionnelle réception de l’ACP en janvier 2016, cette dernière épreuve est sans doute la plus difficile de toutes celles du « R10000 ». Le taux d’échec est assez élevé : ainsi, sur la SRHP (la première créée : depuis 2009, plusieurs autres ont été lancées, dans le Dauphiné, dans les Pyrénées, en Bourgogne, dans le Pays basque, avec toujours le même « cahier des charges » : au moins 600 km et 10000 m de D+ ; voir le site internet de l’ACP), j’ai été le 138ᵉ inscrit cette année, mais seulement le 90ᵉ homologué, et ce en incluant les « formules touristiques ».

            Pourquoi ce choix de retenter seul, cette année, cette super-randonnée ? L’idée m’est apparue  début juin : me trouvant trois semaines en vacances dans le Var comme chaque année en juillet, avec une voiture disponible pour aller à Carcès, à 70 km, et y stationner, le « créneau logistique » était idéal. En outre, je disposais d’une douzaine de jours d’entraînement aux spécificités de l’exercice : chaleur et montées. Le problème, justement, était un premier semestre cycliste « poussif », notamment pour des raisons professionnelles, tant sur le plan quantitatif (environ -25 % de km par rapport à la moyenne des 4 années précédentes) que qualitatif (un bon tiers de ces km ont été réalisés sur home-trainer, ou à Longchamp). Certes, une demi-douzaine de courses GS (4eme catégorie) UFOLEP, ainsi qu’une « cyclosportive » ont assuré une forme minimale, la flèche Vélocio de mars et l’expédition avec Jean mi-juin (500 km en deux jours en Bourgogne) ont maintenu un niveau d’endurance correct, et la « sortie de club » Sceaux-Pierrefort de mai 681 km en 4 jours) a permis de franchir de sympathiques cols cantalous. Mais nos pique-niques cyclos et dîners conviviaux et bien arrosés n’ont guère contribué à m’ « affûter » et, début juillet, j’ai 4 kg de plus qu’en 2012 sur la balance ! Aussi, je compte justement sur cette préparation, même courte, et sur la SRHP, pour perdre du poids et retrouver un meilleur rendement en vue de la fin de saison, à commencer par les « 24H du Mans  en solo » fin août. Enfin, le choix de la SRHP a aussi été motivé par la perspective d’une forte probabilité de temps sec, en juillet en Provence, ainsi que, par une bonne connaissance du parcours, évitant les fastidieuses recherches cartographiques (je n’ai pas de GPS).

            La préparation se déroule correctement, même si je roule un peu moins que prévu, pour des impératifs familiaux. Je vais quand même grimper le col de Turini et effectuer, au-dessus, le circuit de l’Authion où on approche les 2000 m, une semaine avant. Je fais en tout plus de 600 km en douze jours, avec de nombreux petits cols varois et des tests chronométrés (médiocres). La veille du « jour J » (26 juillet), la météo se présente bien : « quelques gouttes » sont prévues par un « météorologiste » de la TV, sur le Mercantour, donc loin de l’extrémité Est de la SRHP, avec un mistral pas trop fort (60 km/h). Je confirme donc à Sophie mon départ à 14H, heure choisie notamment pour effectuer la descente de la « route des Crêtes » alors qu’il devrait faire encore jour (cf. Avertissement de l’organisatrice : « nous déconseillons fortement aux randonneurs d’emprunter la Route des Crêtes de nuit (Gorges du Verdon), car la descente vers le refuge de la Maline, sans visibilité, est très dangereuse »). Cet horaire présente aussi l’avantage de bien dormir la nuit précédente, et de ne faire « que » deux nuits sur la randonnée. Il doit aussi permettre d’éviter le pic de chaleur pour les deux grandes montées, Lure (le matin) et le Ventoux (en soirée), ainsi que pour celles qui suivent au niveau de la difficulté (route des crêtes, en soirée, Fontbelle, les Abeilles et l’Espinouse, de nuit). La longue et délicate descente de Lure est faite en journée. L’inconvénient principal est de démarrer en pleine chaleur.

            En ce début d’été, notre CTV Sceaux est sur tous les fronts des épreuves de grande distance, même si c’est en ordre dispersé et individuel : Pierre a réussi la diagonale Menton-Brest début juillet, Denis a bouclé le PBP audax, GG est en train d’enchaîner les plus longues flèches de France, David va prendre le départ de Bruxelles-Strasbourg-Bruxelles (BRM de 1200 km)… Pas mal, après les participations massives du club au printemps (13 cyclos, en 3 équipes sur la flèche vélocio, 24 cyclos sur Sceaux-Pierrefort…) !

            Le 26 juillet, qui devait marquer la fin de l’état d’urgence, les radios ne parlent que du dernier attentat, le matin même à Saint-Étienne du Rouvray. J’arrive peu avant 13H à Carcès où je me gare sur un grand parking (place Respelido), mange une grosse platée de riz au thon et tomates, prépare sacs et vélo, puis roule vers la rue commerçante. J’avise un bar ouvert, le « Pitchoun », et ce sera un bon choix : le magnifique « Pinarello » accroché dehors appartient au patron. Il grimpe des cols, et a fait « la Bonnette », face nord ! On en cause. Il tamponne ma carte. Je lui explique le principe de ce genre de randonnée. Il connaît Sophie, pour avoir roulé un peu avec elle ! 14H approche : il vient voir mon vélo, garé dehors avec un anti-vol, que j’emporte systématiquement. On évalue à 6-7 kg le total de mon chargement, sac et sacoche compris : dans cette dernière, dans le prolongement de la selle, j’ai rangé l’antivol, un pneu de rechange, 4 chambres à air, une seconde pompe, une clé multifonction, un couteau suisse, un dérive-chaîne (dont je ne sais pas me servir), des patins de frein et une cale de rechange, 7 sachets d’Isoxan, trois bananes, des vitamines, deux gros tubes de lait concentré, trois cartes routières, une chasuble, des papiers journaux et, après hésitations, un imperméable. Dans le sac à dos, j’ai, dans un premier sac plastique, des « affaires d’hiver » (jambières, bonnet, gants) et un coupe-vent, dans un second, tout un ravitaillement (pain complet, rillettes de thon, biscuits, etc), et dans un troisième les deux appareils photos-un numérique et un « jetable »- nécessaires pour les contrôles. Le reste se trouve dans les poches arrière (portefeuille, parcours, édition du mail de Sophie renseignant sur les points d’eau et les commerces, téléphone, crème solaire, baume à lèvres, barres de céréales…).

            Vers 14H05, je franchis le panneau de sortie de Carcès et entame les premiers « faux-plats » évidemment montant qui mènent à Cotignac : en 7 km, déjà 95 m de D+ ! La première côte significative se présente en sortant du village : on doit bien prendre 120 m en moins de 2 km ! Je ressens la forte chaleur du Centre-Var en juillet : 32-33° à l’ombre, mais pas d’ombre dans cette bosse ! Et ça continue de monter irrégulièrement après Sillans-la-Cascade, où j’apprécie une mini descente et un brin de fraîcheur. La progression dans la pinède est pénible. Enfin, ça redescend sur Aups, gros bourg du Haut-Var : km 22 et déjà altitude 493 ! Aups compte un peu plus de 2000 habitants. Il y eu là une petite bataille entre les résistants républicains, nombreux dans le Haut-Var et dans les Basses-Alpes, et un régiment participant au coup d’État du 2 décembre 1851. Je fais un premier « arrêt-fontaine », pour boire de l’eau fraîche, remplacer l’eau réchauffée de mes bidons et mettre dans le plus grand le contenu d’un sachet d’Isoxan. Je repars assez vite pour grimper un premier petit raidar dans le contournement du centre-ville, avec pour la première fois le plus petit de mes trois plateaux, avant d’attaquer le premier col, de la Bigue : 280 m de D+ en 6 km. La chaleur me freine, et par ailleurs, je suis surpris par l’intensité de la circulation en ce milieu d’après-midi. Passé le col, c’est enfin une vraie longue et belle descente, sur une large route roulante, permettant d’admirer une magnifique vue, allant du Ventoux à l’ouest jusqu’aux montagnes surplombant le Verdon, au N.E. C’est par là que je vais, prenant la petite départementale menant à Aiguines. Il y a déjà beaucoup moins de voitures. La route reprend progressivement près de 200 m de dénivelé avant d’en reperdre 80 en descendant sur Aiguines, surplombant l’immense lac de retenue de Sainte-Croix, alimenté notamment par le Verdon. À Aiguines, commence la route panoramique des Gorges du Verdon, rive gauche. L’altitude passe de 789m à 1202m au col de Vaumale. Avant le col, la « source de Vaumale » est à 1180 m, au km 47,5.

            J’y suis exactement à l’heure que j’avais prévue sur mon tableau de marche : 17H30… soit quand même 1H de plus qu’en 2012 (avec Pierre, on s’était relayé dans les faux-plats montants, il n’y avait pas de vent de face, on ne s’était pas arrêté à Aups, et, en partant à 18H, on avait un meilleur rendement, le pic de chaleur étant passé… et surtout, comme je l’ai déjà dit, j’ai 4 ans et 4 kg de plus!). Je prends le vélo en photo sous le panneau indiquant la source : c’est le premier contrôle. Je bois beaucoup, me rince abondamment le visage pour évacuer le sel, et fais le plein des bidons avant de repartir. Le ciel se couvre et, à cette heure, en altitude, je supporte bien le coupe-vent et le journal pour les longues descentes, qui succèdent aux montées. J’ai souvent pris cette route, mais ne me lasse jamais des vues plongeantes sur le vert Verdon, notamment aux tunnels du Fayet. Les nuages s’amoncellent sur les hauteurs, vers le sud-est, mais aussi sur l’autre rive, au nord. Passé le pont sur l’Artuby, j’entends de lointains coups de tonnerre. J’aurais pu m’arrêter sous une terrasse du dernier bâtiment avant de quitter les gorges et de grimper sur la route de Combs, pour franchir la « côte 1004 », mais il ne pleut pas et il me semble que ma route va vers ce coin de ciel bleu qui subsiste vers l’est. Dans la montée, il y a des éclairs, puis du tonnerre de plus en plus rapproché, puis les premières gouttes, chaudes et espacées. J’accélère : je crois pouvoir m’extraire de l’orage qui est désormais dans les gorges. Une voiture ralentit à ma hauteur : la jeune conductrice me demande si « ça va » ? Je lui réponds par l’affirmative : l’ « orage est derrière » : elle confirme qu’elle vient de se prendre une belle averse, puis elle disparaît à l’horizon ! Celui-ci se révèle vite, au franchissement de la « côte 1004 » : ça flotte fort « droit devant », dans la forêt où la route descend en pente douce. D’un coup, la pluie est sur moi, accompagnée d’éclairs et de coups de tonnerre immédiats ! Je sais qu’il ne faut pas aller sous les arbres, mais je ne suis pas plus à l’abri du coup de foudre seul sur la route ! C’est un déluge. À la pluie succèdent de gros grêlons ! La maigre végétation de la forêt de chênes laisse passer l’eau, mais les grêlons sont quand même un peu amortis quand ils s’entrechoquent sur mon casque ! Le tonnerre doit résonner dans les gorges, car le bruit est dantesque ! Comme ça dure, je veux « optimiser » l’arrêt en mangeant un peu. J’ai envie de chips, salés et calorifiques ! Je les cherche dans le sac plastique de ravitaillement, et, ne les trouvant pas, je me décide de mieux fouiller : l’eau dégouline alors du casque, notamment, s’engouffrant dans le sac à dos et même dans le sac plastique de ravitaillement ! Pas de traces de chips : je les ai oubliés ! J’ingurgite tristement une barre de céréales, puis finis par repartir : l’orage s’est éloigné et la pluie est moins intense. J’ai évidemment mis le gore-tex, mais ça s’est tellement rafraîchi, après la canicule de l’après-midi, que j’ai du mal à maintenir le guidon, pris par la « tremblotte » ! Je quitte vite la route de Comps pour entamer la forte descente sur Trigance, beau village surmonté d’un château. La route n’est plus qu’un torrent, même s’il s’est arrêté de pleuvoir, et j’use évidemment pas mal mes patins ! Heureusement, l’eau de la route est chaude et semble propre ! Arrivé dans la vallée, je fais le plein d’eau à la fontaine du village de Soleils (!) et inventorie les « dégâts » de l’orage : au moins 3/4 d’heure perdus, les journaux pour les descentes trempés et inutilisables, les trois cartes routières pas assez protégées (comme dit Pierre, il faut systématiquement un double plastiquage) un peu mouillées, et, évidemment, moi-même humide à souhait : ce n’est pas cette nuit, malgré le vent, que mes pieds vont sécher !

            À Pont de Soleils, je franchis le Verdon et tourne à gauche, vers l’ouest, quittant le département du Var, au km 85, pour entrer dans les Alpes de Haute-Provence et attaquer la rive droite du Verdon. L’altitude est plus basse : 652 m : il fait plus chaud et le ciel est redevenu bleu. La route remonte progressivement, en deux montées douces, deux descentes, et une montée finale plus abrupte, vers le sommet de la route des Crêtes, à 1320 m. Après la pluie, la luminosité est exceptionnelle et les vues sur les montagnes sauvages où stagnent les nuages valent à elles seules ce voyage ! En milieu de la seconde montée, il se remet à pleuvoir, mais je ne remets pas l’imper, préférant être trempé de pluie plutôt que de sueur ! Heureusement, le ciel bleu gagne du terrain, et avec lui les étoiles qui commencent à apparaître. Le jour s’en va déjà comme je prends les photos du second contrôle, sous le panneau touristique de la route des crêtes, à côté d’un camping-car qui va y passer la nuit ! Et, comme en 2012 hélas, je me lance de nuit dans la descente vertigineuse au-dessus des gorges. Heureusement, depuis l’an dernier, j’ai une lumière à batterie très performante. Je vois bien les éboulis et les immenses mares sur la route, qui est en sens unique désormais, pendant toute la descente (ce n’était pas le cas en 1977 quand j’avais pris cette route panoramique pour la première fois, dans l’autre sens). La route remonte ensuite sur La Palud-sur-Verdon. Je regarde, nostalgique, l’auberge de jeunesse découverte il y a quarante ans, constituant la première étape d’une remontée cycliste Menton-Paris, via 7 de ces auberges ! J’avais alors 18 ans et pouvais emmener 52-43/15-23 malgré les sacoches ! Au lavoir du village (très animé : il y a du flamenco!), nouveau plein d’eau, et repas : je me fais deux sandwiches aux rillettes de thon, vide l’eau qui était au fond du sac plastique contenant les vivres (cf. Supra!), puis repars continuer la grimpette vers le col d’Ayen, en pente douce (100 m de D+). C’est ensuite une longue descente vers le lac de Sainte-Croix.

            J’évite bien Moustiers-Sainte-Marie (il y a 4 ans, on avait traversé le village) et attaque la bosse menant au plateau de Valensole. Je regrette un peu de n’avoir pas ôté le coupe-vent : la nuit est douce, et il fait chaud, avec la chasuble en 3ᵉ couche, mais comme de nouvelles descentes arrivent, je ne m’arrête pas. Après quelques kilomètres de descente sinueuse, je franchis l’Asse, affluent de la Durance, et fais une longue pause au robinet du cimetière de Bras-d’Asse, avant d’attaquer le col d’Espinouse (alt.838 m) : 350 m de D+ en 10 km : ça reste raisonnable, même si c’est toujours dur, de nuit. La nuit n’est pas très claire, avec seulement une demi-lune, mais le Mistral a définitivement chassé les nuages : les étoiles sont à foison dans le ciel. Comme pour la plupart des cols qui suivront, désormais, il y a un panneau kilométrique annonçant l’altitude, la distance du sommet, et le % moyen du km à venir, ce qui occupe bien l’esprit ! Troisième contrôle au col d’Espinouse, et donc photos. J’ingurgite régulièrement des biscuits et du lait concentré. La route est étroite et la descente sur la vallée de la Bléone est périlleuse, avec des virages marqués. Il vaut mieux éviter de contempler au loin les lumières de Digne ! Une fois la rivière au vaste lit traversée sur un pont neuf, il faut prendre la RN 85 (« Route Napoléon » sur 2 km : le gros avantage de la nuit est l’absence du « trafic » annoncé sur la feuille de route ! Nouveau plein d’eau aux toilettes de Grillons. Je remplis aussi une bouteille d’un litre en réserve dans le sac à dos, car il n’y en n’a plus jusqu’après le col de Fontbelle. Celui-ci n’est pas facile : plus de 800 m de D+ pour franchir ses 1304 m. Il est dans 27 km, mais la première partie est en léger faux-plat montant, dans une vallée peu peuplée.

            C’est là que je verrai un sanglier traverser et fuir dans un bruit impressionnant. La nuit est propice à toutes sortes de rencontres animales : chats en vadrouille dans les villages, renard, écureuil, blaireau, lièvres, pour me limiter à mes visions de ces deux nuits. Il y a quatre ans, Pierre avait pu photographier des bouquetins au sommet du Ventoux. Cette année, je ne les ai pas vus, mais ai souvent entendu des bruits dans la nuit et des pierres qui roulent… c’est un des dangers de la randonnée nocturne, avec aussi et surtout le risque d’être renversé par un sanglier traversant la route, comme ça avait failli nous arriver, avec Jean, dans le BRM de 1000 km de Troyes en 2010, en Sologne. J’ai aussi cru voir un ours en train de dormir sur la route du col des Abeilles à la fin de la 2ᵉ nuit, mais je devais probablement être un tantinet émoussé pour avoir ces hallucinations !

            En attendant, le jour se lève comme je termine de grimper le col de Fontbelle. Il est presque 6H quand je prends les photos du vélo pour ce quatrième contrôle. C’est le km 211 : plus du tiers de la randonnée est effectué, mais j’ai déjà perdu 3H30 par rapport au temps de passage de 2012 (6H30) ! Il fait un peu frais, mais je ne mets pas les jambières. Comme je m’arrête un quart d’heure pour somnoler au soleil levant, à mi-descente (entrecoupée d’une bonne remontée de 100 m de D+), l’hémorragie n’est pas près de s’arrêter ! La descente sur la Durance et Sisteron est longue, mais très « panoramique ». A trois reprises, je croise de gros camions de transport de bois qui montent vite, à vide, et ne laissent que peu d’espace pour passer !

             À la sortie de Sisteron, petit arrêt à une boulangerie où je savoure un flan. Puis je gagne Saint-Étienne-les-Orgues : 200 m de D+ en 30 km : il y a quatre ans, je ne m’étais pas aperçu de cette configuration : on roulait tellement fort avec Pierre qu’on avait loupé la petite route rejoignant directement la D951 (détour de 500M!) ! Je m’arrête à une source pour me nettoyer le visage: il fait déjà chaud, et je mets ensuite la crème solaire. A Saint-Étienne, je trouve une supérette peu avant le début de la montée sur Lure. Je n’ai grimpé que trois fois cette montagne magnifique, pour la première fois en 1986 (préparant, fin mai, PBP audax). À la supérette, j’achète notamment du pain et du gruyère, ainsi que de l’eau à bulles, et fais tamponner la carte de route : donc, pas besoin de photos pour ce cinquième contrôle ! J’entame ensuite les 1040 m de D+ en 18 km menant au sommet de la montagne de Lure (1747 m); le contrôle est 3 km plus loin, en contrebas, au Pas de la Graille. Là, je cause avec des touristes de Pellussin (42), qui me prennent en photo avec le vélo, pour le sixième contrôle : il est 13H : j’aurai donc mis 3H pour 21 km, ce qui est plutôt médiocre, même si je me suis arrêté un bon moment au bistrot (refuge) de l’ancienne station de ski (fermée en 2011), pour boire un café et manger des gâteaux ! Le patron me dit qu’il est envisagé d’y faire une arrivée du Tour, à l’instar de Paris-Nice, dont deux étapes y ont fini, en 2009 et 2013. Il m’est souvent venu à l’esprit, pendant cette grimpée interminable, d’abandonner et de faire demi-tour : je pourrais ainsi rejoindre Carcès avant la nuit et éviter une seconde nuit sur le vélo, ou quasiment, car j’ai désormais 5H de retard par rapport à 2012… Les vues sont grandioses, et il y a bien moins de touristes qu’au Ventoux, dont Lure est le prolongement. Bon, « aléa jacta est » , pas question d’abandonner : je bascule dans la pénible descente, par sa longueur et, parfois, le mauvais état de la route (ce qui reste l’exception tout au long de cette SRHP).

            J’arrive en pleine chaleur à l’altitude 500, dans la vallée du Jabron, affluent de la rive droite de la Durance. Ce Jabron coule sur 36 km et prend sa source vers le col de la Pigière, qui est à 968 m d’altitude. Je remonte la vallée sur 26 km, en faux plat, puis sur des pourcentages raisonnables, pour passer ce col! Après 3 km de descente, 4 km un peu plus difficiles mènent au col de Macuègne (1068 m), où je prends les photos du septième contrôle. Après 10 km de descente sur Montbrun-les-Bains, un peu de plat au pied du Ventoux, et une remontée de seulement 132 m de dénivelé, je passe au col des Aires, puis son prolongement, le col de Fontaube. Il est déjà 18H05 à ce huitième contrôle, mais comme on n’est qu’à 635 m d’altitude, la chaleur est encore bien prégnante. À chaque arrêt, je me fais un petit sandwich de pain complet/gruyère, qui « passe » très bien. J’arrive sur l’Ouvèze, donc désormais dans le bassin du Rhône. C’est un des rares endroits où j’ai consulté une de mes trois cartes routières, afin de m’assurer de l’absence d’erreur dans une progression qui me semble interminable, ne voyant plus la face nord du Ventoux, suivie d’est en ouest depuis Montbrun. Il est 19H30 quand je parviens au village d’Entrechaux, après une bonne bosse. Malaucène et le pied du Ventoux sont encore distants de 7 km et je crains la fermeture des magasins à mon arrivée. Voyant une supérette ouverte, je vais acheter des biscuits salés et sucrés et, surtout, deux bouteilles d’eau de Vichy. J’en vide une, buvant et remplissant le bidon dédié à l’ « eau claire » (l’autre contenant l’eau « à l’Isoxan »!) et mets la seconde dans le sac à dos.

            Il est presque 20H à Malaucène. J’ai mis 30H pour presque 400 km, à 16,4 de moyenne roulée, au compteur. En 2012, nous avions mis 24H, et j’avais 19,6 au compteur. Nous avions alors pu nous arrêter 9H (cf. Supra), avant d’ « attaquer » le Ventoux à 3H. Aujourd’hui, évidemment, pas question d’arrêt : en repartant immédiatement, les 6H de retard se transforment en 3H d’avance par rapport à 2012, mais cette avance va très vite fondre comme neige au soleil ! Il y a un monde fou aux terrasses des bistrots et restaurants de Malaucène. J’avance dans l’artère principale sans trouver de commerce où je pourrais faire le pointage du neuvième contrôle sans trop gêner le service. Je dépasse le carrefour de la route du Ventoux et arrive à une grande fontaine, où je me « débarbouille » et fais encore le plein d’eau. Je vais donc partir avec les 125 cl des deux bidons, les 125 cl de la bouteille de Vichy et les 50 cl d’une autre petite bouteille. Ces 3 litres ne seront pas de trop pour les 4H45 qu’il me faudra avant la prochaine source, de l’autre côté du « Géant de Provence ». Manger et boire régulièrement sont évidemment vitaux dans ce genre d’expédition ! En attendant, il me faut le « coup de tampon ». Je reviens sur mes pas et tente ma chance dans un premier bar… « le tampon n’est pas là, le café vient d’ouvrir »… Heureusement, le serveur du second établissement (le restaurant « Bleu citron ») est plus compréhensif ! Muni du précieux pointage, je me lance dans la montée.

            Le Ventoux… « Vieux salopard », comme le surnommait affectueusement un ancien septuple vainqueur du Tour de France… Petite transition avant de basculer dans un autre monde : il fait encore bien jour, la pente n’est pas forte au début, et il y a encore quelques touristes, avec notamment encore un grand restaurant sur la route. Bien vite, le jour s’en va, la pente est plus rude, et il n’y a plus personne. Trois ou quatre cyclistes dévalent la montagne, dont un couple que j’ai croisé du côté du col des Aires : ça me rassure, qu’ils aient pu passer le Ventoux, malgré le fort mistral. Il était indiqué à 60 km/h à la météo d’avant-hier, mais il était à 100 km/h lors de la récente arrivée du Tour, justifiant l’annulation de la fin de parcours. Mon compteur indique le plus souvent 7 km/h, mais je m’arrête tous les 3-4 km, au prétexte de vider progressivement l’eau des bouteilles du sac à dos ! Mon corps a vraiment besoin de cette Vichy : il faut croire que les sels minéraux et les oligoéléments des sachets d’Isoxan sont encore insuffisants, compte tenu des pertes dues à la chaleur de deux après-midi ! Après une douzaine de kilomètres, je me dis qu’il faut commencer à se restreindre en eau, et que finalement ça aurait été pire si j’avais entamé la montée à 18H, comme je l’avais noté dans mon plan de marche. Là, la nuit apporte de la fraîcheur. Dans la forêt, le vent ne se fait pas trop sentir. Je regarde les lumières de la plaine du Comtat Venaissin, qui montrent qu’elle est très peuplée. Je ne vois aucune voiture pendant les deux dernières heures de la montée. Il y a deux kilomètres très pénibles, à 10 et 11 %. Je suis à 5 km/h, et ai bien envie de jouer les FROOME, mais comme je ne peux pas me séparer du vélo, je courrais certainement à moins de 5 km/h ! 500m de « replat » au niveau de la station de ski du Mont Serein me font le plus grand bien. Je m’arrête quand même encore 2 ou 3 fois, une petite minute, pour grignoter des gâteaux salés et boire quelques gorgées désormais restreintes ! Parfois j’entends des pierres rouler, bougées par je ne sais quelle bestiole ! Enfin, c’est la rocaille, et les clignotis rouges de la tour météo du sommet se rapproche. A 23H30, je me hisse au panneau ! 3H30 : 6 km/h de moyenne ! En 2012, j’avais mis 2H45, soit près de 8 de moyenne, ne marquant aucun arrêt, pour ne pas être trop largué par Pierre ! En haut, le vent est fort, et j’ai tout de suite froid. Je dois me couvrir avant de prendre les photos : bonnet, jambière, coupe-vent, gore-tex, en plus du maillot et de la chasuble, puis gants d’hiver une fois les photos prises. Avec le vent, le vélo a du mal à tenir debout contre le panneau, couvert d’autocollants ! Je repense au titre du beau bouquin que mes copains du bureau du CTV Sceaux m’avaient offert à mon départ : « le Ventoux, sommet de la folie » ! Trois voitures de jeunes sont arrivées : ils chahutent joyeusement au début de la descente. On s’ignore totalement.

            Je repars avant eux, et roule à gauche, le long de la montagne, plus à l’abri du vent, et avec une meilleure distance de sécurité en cas de bourrasque latérale, venue de la gauche ! Les voitures des jeunes prennent aussi la descente et me doublent par la droite, en vrombissant. Ce sont hélas les candidats habituels à la rubrique des accidents dans les journaux locaux du lundi matin… Il faut dire que je freine beaucoup. Je ne vois évidemment ni le monument mémorial SIMPSON, ni celui de Pierre KRAEMER, dit « le Gaulois ». Je pense à ce cyclo célèbre, de l’UAF, mort de froid ici, le 2 avril 1983, après avoir escaladé le Ventoux enneigé par Malaucène, alors qu’il venait de la concentration Vélocio « Pâques en Provence »… Après le Chalet-Reynard, on est à l’abri du vent, mais la descente est encore plus raide. Heureusement, j’avais resserré les freins cet après-midi. Il convient d’être prudent : le magazine « civique » (juin-juillet 2016-N°233) cite le chiffre de 6 cyclistes tués dans les descentes du Ventoux en 2013. À mi-descente, le signal rouge de la lumière avant commence à clignoter, ce qui est annonciateur de l’épuisement de la batterie. Je ne le savais pas, l’an dernier, lors de la troisième nuit de PBP : la lampe s’est arrêtée brusquement, et non progressivement, comme avec une lampe à pile ! En descente, c’est évidemment le désastre assuré ! En fait, j’ai commis l’erreur de la mettre en position 3, la plus forte, alors que la position 1, plus économique, offre déjà un grand confort ! Donc, je m’arrête, et fixe une « Cateye » de secours, à pile, pour voir quand même en cas d’arrêt brusque de la lumière. Comme en position 1 le clignotant rouge s’est arrêté, je suis ainsi assuré de pouvoir finir la descente sans problème. Enfin, voici le « virage de Saint-Estève », qui marque la fin de cette « nuit sur le Mont Chauve » ! Je m’arrête à la première source, au mince filet d’eau, et remplis bidons et bouteilles, en prévision du bivouac de nuit. J’aurais dû attendre la source suivante, aux Bruns, au débit nettement plus fort ! C’est seulement là que je me dis que désormais je devrais finir dans les délais cette SRHP !

            Peu après, à Sainte-Colombe, avant de tourner à gauche vers Flassan, je vois l’hôtel « le Garance » : j’avais téléphoné il y a quatre jours : il y avait possibilité d’arriver à 22-23H et de repartir à 3H. Mais il est 1H ! Aussi, je commence à chercher un gîte au prix plus compétitif, et le trouve avant Flassan : une belle pelouse sous des oliviers ! Je me force d’abord à manger deux sandwichs aux rillettes de thon, mais ne peux finir le second. Puis je déploie la couverture de survie, mets le réveil du téléphone à 3H et essaye de dormir. Mais, même en ayant gardé toute la tenue hivernale, gants compris (ce qui protège des insectes), j’aurai un peu froid. En plus, je suis réveillé par deux ou trois voitures qui passent sur cette petite départementale. Une d’elles s’arrête, le conducteur voulant sans doute voir si je ne suis pas accidenté : il faut toujours essayer de s’éloigner de la route pour dormir. Je contemple le ciel étoilé, avec la Grande Ourse sur le Ventoux, où clignote toujours la lumière rouge de la tour météo au sommet.

            À 3H20, après avoir fini le lait concentré et mangé quelques biscuits, je repars. Plus que 172 km ! Très vite, ça grimpe, dans le gros village de Flassan, patrie de CARITOUX, le double champion de France, vainqueur de la Vuelta 1984, qui y est aujourd’hui vigneron. Je m’arrête pour ranger définitivement la tenue d’hiver, car j’ai cette fois trop chaud au pied du dernier col du parcours ! Les pourcentages ne sont plus ceux du Ventoux : 570m de D+ en 12 km. Pourtant, je grimpe à une vitesse d’escargot, sur le plus petit plateau, même si je n’ai pas « tout à gauche » comme dans le Ventoux. En plus, je ne lis plus les panneaux annonçant les caractéristiques du prochain kilomètre : j’ai coupé le phare, en prévision de la descente, et les piles de la Cateye devaient être usées, car elle expire progressivement ! Il me reste une petite loupiotte, suffisante à cette vitesse, avec aussi l’aide de la demi-lune ! Je ne vois une première voiture qu’au bout d’au moins une heure, en rejoignant la route plus fréquentée qui mène au col des Abeilles, à 1000 m d’altitude (ce seuil ne sera plus repassé jusqu’à l’arrivée). Il est 5H05 à ce onzième contrôle. Le jour arrive vite, le ciel étant totalement dégagé grâce au vent. La descente est très roulante et rapide. Avec le seul coupe vent, c’est un peu juste. Je regrette de ne pas avoir de journal : j’ai voulu en acheter hier, mais m’y suis pris trop tardivement : plus de presse à 19H30 ! Enfin, j’avance sur du plat, au pied du bourg de Sault : je regarde la moyenne roulée, remise à zéro à Flassan (car passés les 400 km, il n’y a plus d’indications) : 12,2 km/h !

            Elle ne progresse évidemment pas dans la montée vers Sault ! Pas de bar ouvert à cette heure, et la boulangerie n’a encore rien d’alléchant, genre flan ! Je prends un sac de viennoiseries d’hier, « soldées » ! Je me traîne ensuite sur le plateau d’Albion, où globalement ça grimpe : Sault est à 711m d’altitude, et le village suivant, Revest-du-Bion, à 16 km, est à 904m. J’ai le temps d’admirer le paysage féérique, avec le Ventoux qui commence à s’éloigner à l’ouest, et Lure qui se rapproche. Le bleu du ciel est immaculé. La lavande est omniprésente et embaume… GIONO en parle au début de son premier roman : « … le grand désert lavandier, le pays du vent, à l’ombre froide des monts de Lure » (Colline, 1929) (même si on est au nord de ces monts!) Avant d’arriver à Revest, j’ai terriblement sommeil, comme souvent aux premiers forts rayons de soleil. Je m’endors un bon quart d’heure en lisière d’un champ de blé, face à ces monts de Lure. Je repars mieux reposé, et en plus trouve un bistrot ouvert dans le village. J’avale quelques viennoiseries du stock constitué à Sault, avec un café double. Sur la route de Banon, deux carrefours comportent des panneaux indiquant le Contadour, hameau isolé au pied de Lure, QG de GIONO avant guerre. Il y refaisait le Monde avec ses disciples du pacifisme intégral… On est au cœur de sa Provence. Banon, c’est le douzième contrôle. Comme il y a 4 ans, je vais à la « boucherie des Alpes » pour un pointage. J’achète une grosse tranche de pâté en croûte que je savoure sur un banc, admirant le haut du village. Le sympathique boucher m’a rassuré : la célèbre librairie « le Bleuet », un temps en difficulté (à cause de l’échec de son extension dans le domaine des « ventes en ligne »), a été reprise et existe toujours, constituant le « poumon économique » de ce village d’un millier d’habitants.

            Commence en repartant une phase de « regain », en ce qui concerne ma moyenne, qui va remonter régulièrement au cours des 44 kilomètres suivants (jusqu’au pied du plateau de Valensole), du fait de plusieurs facteurs : une dénivelée globalement descendante (de 430 mètres), un vent favorable, une température encore fraîche sans être froide, un créneau horaire propice au bon rendement et un moral renforcé par la perspective de réussite. J’« envoie du lourd » dans les vallées qui suivent la descente de Banon, grimpe à un bon rythme sur Forcalquier (où je ne m’arrête pas, comme il y a 4 ans, pour le BPF), redescends sur une belle route sur la Durance (à La Brillanne, plein d’eau à une fontaine ombragée, malgré l’indication « non potable »… mais une riveraine me dit qu’elle la boit depuis des décennies!), pour trouver une circulation intense du côté d’Oraison, où je fais quelques emplettes pour le frugal déjeuner. La moyenne roulée est remontée à 17,4 au franchissement de l’Asse (à proximité de son confluent avec la Durance). Ce sera sensiblement la même moyenne qu’à l’arrivée à Carcès tout à l’heure.

            En effet, passé la rivière, les choses se corsent à nouveau: il s’agit de traverser dans un axe SSE le plateau de Valensole, qui n’a de plateau que de nom : délimité au nord par l’Asse, à l’ouest par la Durance, au sud par le Verdon et à l’est par les premières montagnes de Moustiers-Sainte-Marie et de St-Jurs, il est incliné d’est (7 à 800 m d’alt.) en ouest (400 m environ) et traversé suivant le même axe par de nombreuses petites rivières. Donc, entre l’Asse (alt.336 m) et le Verdon (alt.360 m), la D15 suivie par la SRHP emprunte une dizaine de bosses sur une quarantaine de kilomètres, et ce à basse altitude et en pleine chaleur, ce midi! La première côte, qui monte sur le « plateau », est la plus longue : 5 km sur un revêtement rugueux, dans une forêt, mais avec peu d’ombre ! Les vues sont magnifiques sur les rares portions de plat, sur les points hauts, dans les champs de lavande, moins odorants que ce matin avant Banon : montagnes au-dessus du Verdon, pré alpes de Digne, sommets dénudés de Lure et, au loin, du Ventoux. Sur cette portion, je fais du 16 km/h de moyenne roulée, et deux arrêts : un pique-nique rapide, et le café-double/viennoiseries à Allemagne-en-Provence, contrôle N°13 (14 en comptant le départ), à 12H45, à l’unique bistrot, à côté d’une fontaine, de ce village si agréable, avec un beau château, oasis de fraîcheur dans une petite vallée verdoyante. J’ai du mal à la quitter pour terminer ce pénible épisode de « montagnes russes ».

            Il s’achève au pont sur le Verdon. Il y a du monde, et beaucoup de kayaks sur ses eaux vertes ! Il reste 32 km. La route remonte progressivement à 470 m d’altitude vers Monmeyan, pour redescendre par paliers jusqu’aux 135 m de Carcès. Les quelques modestes remontées me semblent particulièrement difficiles. Dans la descente de Cotignac, je ressens la canicule et la prise de 2 ou 3 degrés supplémentaires. Mais, poussé par le vent, aidé par le faux-plat descendant, cette fois c’est gagné ! J’entre dans Carcès et mets sur la carte l’heure d’arrivée au bar « Pitchoune » : 15H47. J’ai donc mis 49H47, trois heures de plus qu’en 2012 (et 12H de plus que Sophie). Le patron me félicite. Je prends une bonne bière fraîche, et on cause un peu, avec un couple présent au bar : ils connaissent aussi Sophie… « on la voit tout le temps sur son vélo » ! Je retrouve la voiture surchauffée et rentre sur Toulon.

            Heureusement que le vent était favorable le dernier jour et que j’avais mon vélo avec le cadre en carbone : je constate que je n’ai plus guère de marge par rapport au délai maximum : une heure ! J’ai sept fois plus de « marge de déclin » sur un PBP (fini 15H avant le délai en 2015, pour un kilométrage double). Cette SRHP et ses nombreux moments de galère a renforcé la conscience de mes limites, au vu de l’érosion des performances, tant par rapport aux données récentes et précises d’il y a 4 ans, que par rapport aux souvenirs lointains d’il y a 30 ou 40 ans, sur certains de ces cols… Néanmoins, le déclin peut être enrayé à court terme en perdant 3 ou 4 kg et en emportant moins de matériel (pneu, outillage, cartes routières…), en prenant ainsi le risque de « rester en rade » ! La grosse sacoche arrière, que je n’avais pas en 2012, était de trop.

            En conclusion, je cite à nouveau le texte de la présentation des super randonnées par Sophie : « les participants, autant Touristes que Randonneurs, ont été enthousiasmés, à la fois par la beauté des paysages, mais aussi par la grandeur du défi, quelle que soit la catégorie choisie. Tous soulignent l’intense sentiment de bonheur éprouvé lors de leur réussite ».  C’est aussi mon cas, car je n’étais pas sûr du succès, au moins jusqu’au passage du Ventoux. Aussi il est peu probable que je retente une SR en « randonneur » ! Trop difficile à mon âge ! Mais la SRHP ou d’autres SR en formule « touristique » font partie de mes projets ! En effet, ce sont les routes les plus belles qui sont sélectionnées dans une super-randonnée !   

            Merci à Sophie, et merci à l’ACP pour ces belles inventions et pour tout le travail d’organisation qui en découle, d’autant que des « super-randonnées » sont aujourd’hui créées dans certains pays étrangers!

Bertrand AFFRES,  Cyclotourisme de la Ville de Sceaux

Le récit et les photos de patrice Courel sont disponibles via le lien suivant : https://photos.google.com/share/AF1QipOR4_6gxr8vBTS8KuZguRxH-7IjoYETbFvt898_0G9l6JDXQKdafuyjD8Qwz7rQPg?key=a1lTQ1A1Y3Juczg5Q00zU3BYQVkyNDBNcGpmVGlR

Gigondas-Ouais ! Gigondas, pour le cépage : c’est un super bon cru.

Pour le reste, Il faut voir : avec 24 inscrits et 23 arrivants, le CSPA se classe 2ème au challenge des traces de cette année.

Premiers avec 31 participants, nos amis Nimois qui sont venus en terre de Provence conquérir leur trophée… mais, ils ne perdent rien pour attendre (sic) : En 2017, nous irons, (j’allais dire reconquérir « notre bien » puisque de fait, le CSPA a été plusieurs années en tête de ce super défi) à Venejean en Languedoc et de surplus dans leur fief du Gard, lutter et remporter, si possible, ce concours annuel ! ? … Promis, juré, vous marquez d’ores et déjà sur vos tablettes ! !

-2016 –pour le CSPA : 4 traces de 6 mais, entre les indécis, ceux qui jettent l’éponge et les amis s’inscrivant tardivement, j’ai dû revoir plusieurs fois les équipes en tenant compte des amitiés et affinités sans parler de niveau. Recherche d’un gîte adéquat pour la nuit dès la mi-décembre, et ce ne fut pas facile de le dénicher. Fort heureusement, en janvier, après moult recherches, j’ai trouvé à Buis-les-Baronnies« le cloitre des Dominicains », gîte 3 étoiles datant du 12ème siècle, m’a-t-on dit. Le top… et je crois que les traceurs sont unanimes pour le confort des chambres et les prestations restaurant « simples mais adaptées aux efforts des cyclotouristes !… » Hélas, malgré le site et les lieux prestigieux, il n’y a pas eu de volontaires pour signer chez les Dominicains ni les Dominicaines ?

– Pour les itinéraires et compte tenu de la date avancée de Pâques, je me suis appliqué afin de ne pas franchir notre géant de Provence (sic) pour atteindre Buis ! … Il avait revêtu une houppelande immaculée et toute blanche : très beau à regarder, mais très peu apprécié par les cyclos ? ! Donc, parcours au nord d’Aix, bien sûr ! jusqu’à Sault pour certains, avec un petit supplément par le col des Abeilles pour l’un d’entre eux…

Nous nous sommes retrouvés, dépassés, salués à plusieurs reprises et à Mormoiron, nous avons empruntéun parcours commun jusqu’à Buisen maintenant les équipes décalées en horaires (règlement oblige) et en contournant le Ventoux par l’ouest.

Je remets une nouvelle fois l’accent sur « notre » gîte de Buis, très confortable et nous y avons été abondamment bercés le soir même par les cloches arrivées tout droit de Rome !

Aïe, aïe, aïe … dimanche matin, coup d’œil dehors : quelques gouttes de pluie et la route est très humide. La météo annoncée la veille se confirme. A quelques encablures, le col de Propiacnous surprend : 4 kilomètres de forte côte avec des passages à plus de 13%… on peut faire mieux pour un dimanche de Pâques, mais là « Basta » ! Au sommet, le regard porte loin vers l’ouest et, pas de doute, à la vue des giboulées qui encombrent l’horizon, la pluie est annoncée. Elle nous arrive dessus quelques minutes après et nous accompagne jusqu’à Gigondas, sans répit.

Pôvres Traceurs 2016 !!

Réception encombrée comme il se doit … amitiés, « la tchatche » avec des amis retrouvés, boissons, sandwichs : le top !Bises appuyées, même très appuyées à Yvette Pendu, pour son amitié, sa générosité, sa disponibilité, sa compétence à la direction depuis 18ans des traces Vélocio (sa dernière année me dit-elle).

Vélocio, notre maître à tous, fondateur du cyclotourisme, né au cœur de la Provence, à Pernes-lesFontaines. (L’équipe n°1 y a pris son repas de midi cette année).

De son nom familial : Paul de Vivie de Regie, amoureux de sa terre comme il a su nous l’insuffler dans son journal, ses revues, ses récits et dans son cœur en direction de tous les cyclotouristes provençaux, honorés à travers lui, au fil des ans, dans le cadre de notre prestigieuse Provence par l’Audax Club Parisien.

André BECCAT(Cyclo Sport du Pays d’Aix-en-Provence)

P.S. : Réunion CSPA du 29 mars J’ai été très sensible mais aussi agréablement surpris, avec un fil d’émotion dans la gorge, il faut le dire, des attentions dispensées par mes amis traceurs à mon égard. Un livre, cadeau prestigieux et oh combien apprécié « grands cols, les montagnes du tour de France »…

Je vais revivre mes modestes ascensions d’antan, en pensant obligatoirement à Fausto Coppi, mon idole Eddy Merckx, Bernard Hinault, Bobet, Bartali, et autres Truebale grimpeur de poche. Un gros paquet de calissons … ça va me requinquer après mon accident du 17 février.

Et aussi, cerise sur le gâteau, une carte souvenir signée de tous mes amis traceurs 2016.

Un grand merci à toutes et à tous.

Depuis que la bicyclette a été équipée de roues rondes pour en faciliter son utilisation, Pâques a été doté de traces, communément appelé Traces Pascales, pour occuper utilement le week-end à rallonge des cyclotouristes (l’expression Traces, venant des traces laissées par les roues en bois sur les chemins, pas en bois eux, mais en terre de l’époque (mais je ne sais pas laquelle). Il a été décidé quelques temps plus tard que le lundi serait férié parce que certains, moins rapides que d’autres, n’avaient pas le temps de boucler leur Trace en 2 jours. Merci aux cyclos pas trop rapides.

Comme quoi, on se fait parfois des idées sur l’origine des fêtes religieuses et sportives !

Et, cette année encore, notre grand Maître es Traces du CSPA, je veux bien sûr parler de notre Ami André, sans qui je n’aurai pas eu l’occasion de vous faire ce petit rappel sur cet épisode historique encore trop méconnu (mais qu’apprend-on à l’école?) va nous organiser de superbes parcours qui doivent conduire quatre équipes dans un village provençal mondialement connu dans toute la France (allez savoir pourquoi?).

Et l’affaire n’est pas si simple ! Entre l’indisponibilité des uns, le désistement des autres et surtout satisfaire les affinités de certains et autres demandes d’arrangements, le pauvre André a de quoi s’arracher les cheveux (heureusement, contrairement à moi, il en a en réserve). Finalement, il ressort de tout ça quatre équipes de six cyclos chacune : une équipe de costauds et trois un peu moins rapide, tout en étant un peu rapide quand même, mais un peu moins costauds que les costauds puisque un peu moins rapides.

Vous suivez ?? (N’oubliez pas que grâce aux « un peu moins rapides » nous ne travaillons pas le lundi de Pâques) et 3 parcours magnifiques autour du mont Ventoux au départ d’Aix jusqu’à Buis-les-Baronnies pour la 1ère journée et de Buis – Gigondas pour la deuxième.

Je vous passerai les entraînements intensifs, limite commando de tortues sur un marathon, effectués sur des jours de congé, samedi , dimanche, jours fériés et autres, les modifications de parcours, les décalages dus à la météo, bref une occupation à temps complet et même plus (les heures sup doivent impérativement être envoyées avant la fin du mois à notre charmante trésorière qui se fera un plaisir de les refuser). Un petit mot sur la journée du vendredi concernant les tergiversations météorologiques qui ont littéralement fait exploser ma boite mail. Devant l’incertitude persistante de la météo, une liste impressionnante de mails, que je n’ai pas pu tous ouvrir parce qu’à un moment tout s’est bloqué, m’a fait prendre conscience du désarroi de tous devant une décision cruciale à prendre et qui peut avoir des conséquences désastreuses pour celui qui se loupe. Nous verrons ça plus tard. Finalement, la solidarité l’emporte et tous les messages intitulés « Retraces pascales et pluie dimanche » se débloquent (ouf, j’ai eu chaud) et, du coup, j’ai de la lecture pour l’après-midi.

Au cours de la première journée, j’ai été abordé par ma capitaine de route qui me remet discrètement une épaisse enveloppe pour écrire un article sur notre équipe dans votre revue préférée éditée selon les dernières sources officielles à 1 500 000 ex. Après avoir jeté un coup d’œil rapide à l’intérieur, j’accepte.

J’en viens donc à mon équipe et à quelques heures plus tôt. Josette, capitaine de route, Stéphanie et ses sacs « carrefour » plein les poches, Christian, prêt à décabosser nos vélos si jamais… Alain le pur grimpeur intenable à l’approche de la moindre bossette, Jacques, un peu devant, un peu derrière, un peu au milieu, un peu partout en fait et moi, le bon à pas grand-chose à part écrire des c….. pendant 3 ou 4 pages, formons une des trois équipes des « un poil moins rapides mais quand même ».

Nous avons rendez-vous samedi matin à 6h50 aux Platanes pour un départ à 7h15 ou quelque chose comme ça. Tout guilleret à l’idée de cette belle journée qui s’annonce, j’enfourche mon vélo et, 300 ou 400 m plus loin, pchiiii la roue avant se dégonfle. J’ai roulé dans du verre. Retour au garage, réparation, coup de fil à ma cheftaine (oui, je fayote) et j’arrive en retard.

Tout le monde est parti sauf l’équipe d’André qui ne va pas tarder à le faire. Un café avalé à la va-vite me donne le hoquet et hop, c’est parti. Le hoquet m’accompagne pendant une ½h quand je m’aperçois que, en fait, ce n’est pas le hoquet qui me fait sauter sur le vélo mais la roue avant qui, remontée à la hâte, ne tourne pas tout à fait rond. Bien sûr je ne m’en vante pas et, à la première halte prostate, j’arrange très discrètement ça. Et c’est reparti ni vu ni connu ! Finalement, je pense que je n’ai jamais eu le hoquet.

Et nous roulons, silencieux, dans la fraîcheur matinale d’une belle journée de mars. Les travaux de Pertuis vont nous permettre de faire une visite non guidée mais très ludique des rues piétonnes de la ville où nous passons, repassons et re-repassons jusqu’à ce qu’une sortie se présente gentiment pour nous libérer (et 3 km de plus !).

Ballade au pied du Lubéron, montée tranquille sur Bonnieux et arrivée à Apt à l’heure du café mais avec son marché de renommée internationale, c’est un vrai b… pour trouver un bistrot. Et finalement, coincé entre des étals de paniers, de parfums à la Lavande, de charcuterie et de sous-vêtements pour femmes très fortes (impressionnant !) nous apercevons l’équipe de Françoise et faisons café commun au milieu d’un enchevêtrement de chaises, tables, vélos et autres consommateurs qui nous considèrent comme des envahisseurs plutôt emmerdants et très peu civilisés.

Et la route reprend. D’abord à pied pour traverser cet interminable marché puis, quand même, un peu sur le vélo pour la suite. Et nous pédalons, pédalons, pédalons (50 coups/min pour les spécialistes) dans cette campagne baignée par un chaud soleil printanier, chacun absorbé dans des pensées aussi mystérieuses qu’impénétrables. Les kilomètres s’égrainent, ponctués d’arrêt pipi, de séances de déshabillage au gré des montées et de rhabillage au gré des descentes pour nous mener à Sault qui nous sert de pauserepas. Encore une fois, nous rencontrons l’équipe de Françoise installée confortablement en terrasse, sandwich à la main. Toutes les places étant occupées, nous trouvons refuge dans un petit resto avec vue sur le Ventoux et là, au soleil, chacun trouve son compte. Plat de pâtes, entrecôtes, simple sandwich font notre bonheur et notre bonne humeur. Moment de convivialité, discussion avec d’autres cyclos qui descendent du Ventoux et il est temps de repartir, quelques kilomètres restant encore à faire. Au sortir de Sault, nous tombons (sans nous faire mal) nez à nez sur l’équipe des costauds qui, ne sont pas là pour … chercher les œufs de Pâques cachés dans la nature!!

Après quelques centaines de mètres de vie commune, nos routes se séparent, eux, spécialement formatés pour ça par un entraînement intensif comparable à celui pratiqué par les marmottes en plein hiver, vers les pentes vertigineuses et inaccessibles au commun des cyclos du redoutable col des Abeilles, et nous, vers la descente tranquille mais toujours aussi magique des gorges de la Nesque. Bonne route à vous et à ce soir !! Arrêts panoramiques, photos, descente cool pour profiter au max nous mènent dans la vallée et Malaucène via le petit col de la Madeleine.

Dernier arrêt pipi/ravitaillement, avant de repartir direction Buis-les-Baronnies qui n’est plus très loin, chacun ayant hâte d’en terminer malgré un parcours relativement facile et tellement beau sous cette tempête de ciel bleu.

On s’imagine sous une bonne douche bien chaude avant d’aller boire un verre réparateur en ville et une question revient invariablement sur toutes les lèvres: Quel temps va-t-il faire demain ?

A l’hôtel, un superbe cloître franciscain, où nous sommes les bons derniers à arriver, nous retrouvons nos affaires qui, sans la disponibilité et la gentillesse d’Alain CONTI seraient sûrement restées sur la place de Venelles où nous devions les laisser, et nous, de baigner toute la soirée dans notre jus de la journée ! Beurk , beurk !! Alain, sur ce coup tu as été notre sauveur ! Merci.

Petite balade dans Buis, très charmante petite ville aux maisons en pierres apparentes, arcades abritant des commerces d’artisanat souvent local et je tombe (encore une fois) au détour d’une rue, sur les équipes de Florence et Françoise affalées dans des fauteuils des plus confortables, en train de siroter pastis, bières ou Perrier. Je m’installe avec eux pour profiter de la quiétude de cette fin d’après-midi printanier avant de rejoindre le reste de la troupe pour le repas du soir. Repas animé s’il en est grâce aux pitreries de Thierry qui se surprend lui-même de tout ce qu’il peut raconter. Il a des talents de clown insoupçonnés cet homme !! Rires et bonne humeur remplissent la pièce au grand désespoir des tables voisines qui ne s’entendent même plus parler. Une petite promenade digestive pour certains, sûrement la chambre pour les autres et bonne nuit les petits et à demain 7h00 au petit déjeuner. Mais les cloches de la ville ne l’entendent pas de cette oreille et, juste au moment de s’endormir se mettent à sonner pendant un bon quart d’heure. Ce n’est pas possible, le bouton est bloqué sur ON.

Dimanche matin, 45 km pour rejoindre l’arrivée finale à Gigondas si possible avant la pluie qui elle aussi a choisi exactement le même itinéraire alors que ce ne sont pas les routes qui manquent dans la région. Départ tous ensemble vers une dernière petite difficulté, le col de Propiac, je crois, que tout le monde passe sans problème et dans la descente, arrêt… non non pas pipi, mais K-way.

La pluie, solidaire des traces Pascales, viendra nous accompagner jusqu’à l’arrivée pour nous récompenser de nos efforts.

Et ce sont des milliers de cyclos qui trempés arrivent en masse à la salle des fêtes de Gigondas en quête d’un peu de chaleur, de boissons chaudes et autre collations.

La pluie gâche la convivialité de la fête, chacun ne songeant qu’à récupérer ses affaires et rejoindre les voitures direction la maison.

Mais pour certains de chez nous la galère ne fait que commencer. Ils rentrent à Aix en vélo soit encore 100-110 km (vous vous souvenez du vendredi après-midi?).

Si, à l’heure où vous lisez ces lignes, certains n’ont pas encore donné signe de vie, n’hésitez pas à déclencher les recherches. Il ne sera peut-être pas encore trop tard. En tout cas, bon courage et bonne route !!

Félicitations aux cheftaines qui, malgré l’indiscipline de certains, ont su ramener tout le monde à bon port dans une très bonne ambiance.

Félicitations à tous les équipiers pour avoir encaissé sans broncher les foudres de leur cheftaine.

Et surtout BRAVO André toi qui, très bien encadré par toute ton équipe paré d’une vigilance de tous les instants, a terminé une fois de plus une trace pascale.

Je devais écrire un texte sur la trace de mon équipe et, finalement, à la lecture de tout ça, personne ne sait trop comment ça s’est passé, ni où nous sommes vraiment passés.

Ma cheftaine ne va pas être très contente mais ce n’est pas grave, j’ai déjà encaissé le contenu de l’enveloppe !

Amicalement

Jean-Pierre Clottes(Cyclo Sport du Pays d’Aix-en-Provence)

Si vous lisez ces pages jusqu’au bout, c’est que franchement, vous n’avez pas grand-chose à faire et vous avez perdu votre temps, et si vous vous arrêtez en cours de lecture vous risquez de manquer le plus passionnant ce qui pourrait être préjudiciable pour votre culture personnelle.

A chacun son choix.

P.S.

J’ai quelque peu revisité l’histoire des traces de Monsieur VELOCIO mais je pense qu’il ne m’en voudra pas trop, tout le monde connaissant et respectant la vraie histoire.

Samedi 26 mars 2016, 7h00

Tous prêts à enfourcher le vélo…

Les faits marquants :

  • 18 participants, dont 10 féminines.
  • 2 participants de l’AC Riez –Nicole et Franck -se joignent aux manosquins pour une randonnée qui au final fera 204 km.

Froid très intense dans la vallée de Volx jusqu’à Mane.

Entrée sur la piste cyclable sous Castellet, et «Pause santé! » pour tous… expression fort sympathique de nos amis canadiens!

Arrêt à Apt pour le premier pointage 61 km.

2 chutes sans gravité, Huguette a touché le pneu de Jean-Louis, et Nicole a perdu l’équilibre.

A 2 km de Coustellet, Jean-Louis éclate. Réparation: tout le monde prête main-forte, activement ou par des conseils éclairés…Gonflage, re éclatement, et changement de pneu.

C’est pendant cet épisode que je constate que je me suis trompée dans le kilométrage… j’ai surévaluée la distance entre les Beaumettes et Coustellet. Après re-calcul et spéculations diverse, je propose une rallonge en passant par Jouques et Rians…

On ajuste le parcours pendant la pause casse-croûte à Robion… on est installés sur la terrasse d’un bistrot… et il fait très chaud!!! Nouveau pointage à Mallemort, au km 110.Simone nous attend à Saint-Estève Janson avec des gâteaux et des boissons fraîches qui sont bien appréciés. On reprend la route, rassasiés et abreuvés… et on emprunte la route de Jouques, après Peyrolles puis Rians.Nouveau pointage à Rians au km 165 à 17h38.

Terminé pour les pointages, nous avons respecté le contrat. Il ne faut plus traîner… Saint-Paul lez Durance –Pont Mirabeau… équipements de sécurité mis en place, nous allons pédaler aussi régulièrement, mais aussi vite que possible pour rentrer avant la nuit… elle nous cueille malgré tout entre Corbières et Sainte-Tulle… on est presque arrivés.

Dimanche 27 mars, 6h45 (heure d’été)

Nous sommes au rendez-vous… il ne manque que Loïc, mais avec lui, la remorque et les vélos.Nous patientons…Nous prenons la route et arrivons à Pernes-Les-Fontaines… il commence à pleuvoir.Préparation des vélos, harnachement des cyclos… on s’équipe comme on peut.

On choisit le parcours le plus court pour arriver à Gigondas, ce sera Monteux-Sarrians-Vacqueyras-Gigondas. Sous la pluie ce sera bien suffisant.

Après une crevaison et quelques tergiversations, on arrive enfin à la salle des fêtes. Il faut se frayer un chemin dans la foule compacte pour faire contrôler les cartes de route et homologuer les traces.

L’équipe féminine a remporté la coupe lavande. On attend la remise des récompenses, et on reprend bien vite le chemin du retour. Ça ne traîne pas. La pluie s’est renforcée et tous ont envie de se mettre au sec. On se change bien vite dans les voitures, on charge les vélos, et direction les Beaumettes pour une pause repas bien méritée.

Marie-Paule VALENTIN (EPM Cyclotourisme)