Paris-Brest et Retour de Pierre Desvages et Juliette

Il y a cent ans, ainsi que nous l’avons déjà évoqué, l’ACP a organisé son premier brevet randonneur à allure libre, mais cette année-là, quelques jours avant, eut lieu un autre événement, comme tous les dix ans depuis 1891 : la course cycliste Paris-Brest et retour. Celle-ci fut organisée par le journal l’Auto dont le patron tout puissant était Henri DESGRANGE, le même qui venait de retirer à l’ACP l’organisation des brevets dits Audax, c’est-à-dire à allure contrôlée avec capitaines de route.
Ce Paris-Brest 1921 était un Paris-Brest de compétiteurs réservé à deux catégories : les coureurs et les touristes-routiers. Donc pas de place pour les randonneurs qui, de toutes façons, venant à peine de naître aux brevets à allure libre de 200 km, n’étaient absolument pas demandeurs. En revanche ils seront prêts pour l’édition suivante, celle de 1931, qui sera celle du premier Paris-Brest-Paris randonneur.
Toutefois un homme ne l’entendait pas ainsi. Il s’appelait Pierre DESVAGES. Né dans la Manche en 1867, il avait été coureur professionnel participant à huit Tours de France consécutifs dont celui de 1903, le premier. Il avait aussi couru Bordeaux-Paris et deux fois Paris-Brest et retour en 1901 (46e en 119h40) et 1911 (42e en 115h40) dans la catégorie des touristes-routiers.
Devenu constructeur et marchand de cycles, il ouvrit en 1914 une boutique rue d’Alésia à Paris et créa sa propre marque. En 1921, âgé de 54 ans, il n’était plus en mesure de rivaliser avec les touristes-routiers, mais il avait terriblement envie de faire encore une fois Paris-Brest et retour et – peut-être encore plus – de démontrer la qualité des machines de sa marque.
Comment est-il arrivé à ses fins ? Il l’a raconté avec une extraordinaire richesse de détails dans un récit qui fit la joie des lecteurs du journal de Vélocio : le Cycliste. Son texte est paru dans quatre numéros, de mars-avril 1922 à septembre-octobre 1922. Je vous le livre volontiers ci-dessous avec deux photos de Pierre DESVAGES et de Juliette, provenant des collections de la BNF.
Ils présentent leur merveilleux tandem dont on remarquera la fourche à suspension, la lampe à carbure et les selles articulées, dont Pierre DESVAGES parle abondamment dans son compte-rendu. Enfin les amateurs de tandem auront noté le décalage prononcé entre les manivelles du pilote et celles de la passagère. Il permet de gommer en souplesse le fameux point mort du pédalage.
Pour ceux qui aimeraient connaître ce qui s’est passé après ce Paris-Brest de 1921, qui était Juliette, la caissière de Pierre DESVAGES, et ce qu’elle est devenue, je leur donne rendez-vous dans un prochain article.

Alain COLLONGUES

Pierre Desvages – Le cycliste (1 sur 4)pdf

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