Récit de traceur – Randonneurs Cyclos de l’Anjou – 2008 – Nos premières « Traces Vélocio » ou « Pâques aux tisons ! »

– « Les ” Traces Vélocio ” pour Pâques, ça te dirait ? »
Nicole, déjà très (trop ?) habituée à entendre de ma part ce style de proposition incongrue, se méfie, en général :
– « Et c’est quoi, précisément, une ” Trace Vélocio ” ? »
– « C’est presque pareil qu’une ” Flèche Vélocio ” mais sans la nuit ; c’est “cool”, non ? »
– « Pourtant, nous avions dit qu’à Pâques, nous ne ferions rien cette année ; non, non, une autre fois ! »
– « C’est vrai, mais nos petits problèmes de santé sont désormais réglés et puis ça nous ferait un bon entraînement pour nos 2 Diagonales de fin avril – début mai ; n’oublie pas que nous manquons de kilomètres cette année ! »

Finalement, Nicole a rapidement convenu que mon projet n’était pas insensé, confortée par la perspective d’une participation ensoleillée à la Concentration Nationale de « Pâques en Provence » à laquelle nous ne sommes pas allés depuis 3 ans. De plus, cette année, le lieu choisi de St-Paul-Trois-Châteaux se situe pratiquement le plus au nord possible, donc le plus proche de notre domicile angevin. Seul pouvait subsister un petit problème : la date précoce de Pâques 2008 ; mais bon, il peut faire très beau un 23 mars et très mauvais un 15 avril, n’est-ce pas ?
Nous sommes donc partis le samedi 22 mars de Louhans, petite sous-préfecture de Saône-et-Loire de 6500 habitants éventuellement connue pour ses rues pavées aux 157 arcades, son équipe de football longtemps en Ligue 2 (en association avec Cuiseaux), mais surtout pour ses poulets de Bresse.
Lorsqu’à 6 h 11 exactement, nous lançons nos roues sur le bitume louhannais, celui-ci est recouvert d’une fine pellicule de givre et de verglas. Les flaques sur les côtés de la route sont bien gelées. Dans la ville, un camion passe au bout d’une rue …
Nicole : « Ce ne serait pas une saleuse ? »
Moi : « Pas plutôt les éboueurs ? »
Nicole : « T’es bien sûr ? »

À vrai dire, je n’en sais trop rien, mais bon, on va essayer de rouler en prenant beaucoup de précautions sachant qu’au départ, les routes prévues devraient être relativement plates et rectilignes.
Nous adoptons donc un ridicule braquet de 42 : 23 sur le plat et essayons d’aller bien droit en évitant bien sûr les coups de frein et les dévers de la chaussée. Bientôt, le jour se lève et les nuages daignent laisser la place à un soleil généreux qui réchauffe un peu une atmosphère qui en a bien besoin. Nous croisons une saleuse (là c’est sûr ! ) qui nous projette au passage un peu de sa cargaison salvatrice (ils doivent nous prendre pour des fous ! ). Et bientôt, les cristaux de glace se liquéfient, mais il a fallu pour cela dépasser Varennes-St-Sauveur et accomplir une vingtaine de km bien stressants.
Un assez fort vent de face s’est vite levé, mais maintenant au moins, on peut rouler sans appréhension ; tant pis pour le vent ! Cependant, il ne fait toujours pas chaud surtout que le soleil se cache trop vite ; heureusement que nous avons adopté la panoplie “lourde” adéquate !
Bourg-en-Bresse (km 50) est passée sans problèmes ni de circulation, ni de navigation. Cependant, le ciel s’assombrit de façon inquiétante et d’assez fortes chutes de neige ne tardent pas à s’abattre sur nous. Par chance, elle fond au sol, mais cela dure bien 20 à 25 km, pratiquement jusqu’à Chalamont, point culminant de la Bresse aux vieilles fermes caractéristiques.
À Meximieux (km 89), il est temps de faire une première pause. Etant donné notre harnachement, nous préférons nous arrêter moins souvent mais plus longtemps. Là, cela durera une heure, le temps de faire nos emplettes et de bien manger au fond d’un bar douillet. Nous avons eu la chance de sécher à peu près avant l’arrêt, mais, sitôt repartis, c’est la pluie qui, cette fois, prend le relais, le vent restant lui toujours défavorable. Mais nous avançons correctement compte tenu du chargement et des mauvaises conditions météorologiques. Alors, la situation pourrait être pire !
Après nous être hissés à 345 m d’altitude, à l’horizontale de Lyon, du côté d’Heyrieux, c’est la plongée sur Vienne et la Vallée du Rhône et curieusement, le vent devient alors plutôt favorable, nous permettant même d’utiliser le grand plateau. Que c’est agréable de voir le compteur s’affoler, dans la facilité, alors que depuis ce matin, nous en avons quand même un peu bavé !
Le Rhône franchi, nous filons vers Condrieu sur la N 86. Ce sera notre 2ème contrôle (km 170 ; 15 h 30) et là encore, un arrêt de 40 min sera le bienvenu, au chaud dans un bar à grignoter et à discuter avec quelques clients un peu surpris par nos pérégrinations.
Nous rejoignons la N 7 à Péage-de-Roussillon pour accompagner le Rhône dans sa folle randonnée vers la Méditerranée. Il sera 19 h 20 lorsque nous nous arrêterons pour la nuit à l’hôtel ” Formule 1 ” de Bourg-lès-Valence (km 232) non sans avoir auparavant pris quelques photos de champs de pêchers en fleurs sur fond de sommets enneigés et pointé à Pont-de-l’Isère.

À 6 h 30 en ce jour de Pâques, nous repartons vers St-Paul-Trois-Châteaux après avoir bien déjeuné. Pas un chat dans Valence à cette heure matinale où nous franchissons à nouveau le Rhône pour repasser sur la N 86. Le mistral nous pousse ; que demander de mieux !

La Voulte, Le Pouzin, Cruas et Rochemaure et leurs châteaux moyenâgeux haut-perchés, Le Teil et enfin Viviers (km 297). Nous avons bien mérité un arrêt de 20 min et un “petit noir” régénérateur tout en pointant notre 4ème contrôle.
Le reste de la randonnée ne sera que formalité, poussés par un mistral de plus en plus présent (presque un “mistral gagnant” comme aurait dit Renaud). Après avoir franchi une nième fois le Rhône au niveau de Pierrelatte, ce sera l’épilogue dans la capitale du Tricastin (km 318) où grouillent de nombreux cyclos aujourd’hui. Nous devions arriver avant 11 heures et il n’est que 10 h 20.
Nous retrouvons beaucoup de têtes connues avec lesquelles on peut échanger quelques mots et quelques souvenirs. Dommage que la météo ne soit pas de la partie aujourd’hui dans ce joli coin de Provence ! Pour la plupart, les gens ne s’attardent pas, frigorifiés, et nous non plus n’allons pas “faire de vieux os” ici, un peu déçus de ne pas avoir pu discuter davantage avec plusieurs amis.
La fête est gâchée, mais, à part cette apothéose un peu manquée, nous sommes personnellement tout à fait satisfaits de nos premières “Traces” … qui, au départ, n’ont pas été un vain mot abstrait : on pouvait en effet bien nous suivre … à la trace sur les routes givrées de la Bresse !

Jean-Claude et Nicole CHABIRAND (équipe n° 26)
(Randonneurs Cyclos de l’Anjou)

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